Jósef Czapski (12/10/2015)

Le tableau qui, dans notre précédente note, a servi de point de départ à la rêverie de Sophie Roussel a pour titre : L’Escorial. Il est de Jósef Czapski.

autoportrait.jpgCe peintre polonais issu d’une famille d’aristocrates liée au pouvoir tsariste occupe une place à part dans l’histoire de la peinture moderne. La première moitié de sa longue vie (1896-1993) fut bouleversée par les événements tragiques liés aux deux guerres mondiales et au sort infligé à la Pologne par l’U.R.S.S. de Staline. Capturé par l’Armée rouge en 1939, il est un des rares officiers polonais à avoir échappé aux massacres de Katyn. Après la formation d’une armée polonaise suite à l’invasion nazie en Russie, Czapski combattit à Monte-Cassino. Après la guerre il retrouva Paris où il avait vécu entre 1924 et 1933.

Ce n’est que progressivement qu’il renoua avec ses activités picturales inaugurées avant la guerre où il fit partie du mouvement kapiste influencé par Cézanne. Bonnard, Vuillard, Soutine et plus tard Nicolas De Staël nourrirent jusqu’à la fin sa peinture qui se caractérise par la construction d’ambiances un peu étranges où flotte un discret mais authentique parfum d’inachèvement volontaire ou spontané.

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Ce que la philosophe genevoise Jeanne Hersch exprime autrement et sans doute mieux :

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couv obscur.jpg « Partout où il se trouvait, dans les cafés, les gares, le métro, il faisait des croquis, et d’après ces croquis, il a peint ses toiles. Elles sont très profondément recomposées, souvent caricaturales, fortement stylisées, avec des cadrages surprenants et une délectation parfois subtile, parfois violente, de la couleur. Elles sont vraiment le produit de l’esprit et je leur trouve parfois toutes les vertus d’une toile abstraite, avec l’humanité en plus » Jeanne Hersch, Éclairer l’obscur, Entretien avec Gabrielle et Alfred Dufour, 1986.

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 « Le patron du surréalisme Marcel Duchamp distingue la peinture de la rétine et celle du cortex cérébral. Je n’ai jamais considéré cette définition soit-disant géniale autrement que comme un paradoxe plutôt plat, parce que je ne peux pas admettre une peinture sans la participation à la fois de l’œil et de l’écorce cérébrale. Un tableau dont nous pouvons apprécier la valeur sans tenir compte de la réaction de notre rétine peut être un jeu d’intellect plus ou moins brillant, un amusement, mais ce n’est pas de la peinture ».

Jozef Czapski, Kultura, novembre 1959 - Traduit par Thérèse Douchy

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