Être & Vivre en mai (03/05/2018)
Retour de mai, la parole aux murs. Rien de tel que René Char pour les poètes casqués. Ainsi ce fragment des Feuillets d’Hypnos (1946) parachuté sur la fête du travail en pleine action : « agir en primitif et prévoir en stratège ».
Maxime résistante d’un recueil dédié à Albert Camus.
René Char (à G) et Albert Camus (à D) en 1949 à l'Isle-sur-la-Sorgue
Ce qui nous ramène à un autre Homme révolté. Alfred Jarry pour ne pas le nommer. Cinquante ans avant l’existentialisme moderne, celui-ci, dans une surprenante divagation parue dans L’Art Littéraire en 1894, écrit : « L’Anarchie Est ; mais l’idée déchoit qui se résout en acte (…) ».
Être & Vivre, le titre de cette acrobatie philosophique qui part d’une apologie de l’Être pour se mettre à célébrer le Vivre, son antipode, peut paraître limpide.
Elle n’en mérite pas moins, dans l’édition en volume de ce petit écrit « profondément superficiel et superficiellement profond » donnée par le Collège de Pataphysique en 1958, préface et notes d’Emmanuel Peillet son fondateur, sous double pseudonymes d’Irénée Louis Sandomir et de Jean-Hugues Sainmont.
Ceux qui, comme nous, ne comprendraient pas grand chose à ses éclaircissements sur le texte interstiCiel de Jarry pourront toujours se distraire à la lecture des extraits du journal La Lanterne qui lui sont ajoutés. Y sont relatés les exploits de Lesteven, condamné à mort pour son goût trop vif à jeter les femmes par la fenêtre. Saut mortel que cet assassin, ne détestant pas la littérature, finit par s’infliger à lui-même pour couper à la guillotine.
Et comme c’est bientôt le temps des cerises, n’omettons pas celle qui orne en outre ce gâteau parcimonieusement offert (à 99 privilégiés seulement) par le Collège, sous la forme de 4 photographies de graffiti muraux « puérils et honnêtes ».
Ce qui nous ramène à nos moutons noirs transhumant sur les pavés glissants des rues parisiennes. En attendant la plage.
17:51 | Tags : l'internationale intersticielle, alfred jarry, emmanuel peillet, graffiti, rené char, albert camus | Lien permanent | Commentaires (0)