Cyclo Djino (24/06/2017)
Croiser Djino dans le Marais c’est à la portée de tous. Ce matin c’était sur une courte scène à l’intersection de rues vénérables où déambule le monde entier. Les Rosiers, la Vieille-du-Temple et cette Sainte-Croix de la Bretonnerie qui fait semblant d’évoquer Rétif.
On le photographie, ça oui, le Taxi Djino. Vélo à hélices et engrenages avec chinoiseries et boules d’or. Beaubourg n’est pas loin et le spectacle de rue monnaie courante. On n’en ressent pas moins un petit frisson d’interstiCiel qui passe.
Djino a beau s’inscrire dans une tradition cycliste de figures parisiennes dont Mouna avant notre siècle fut un fleuron barbu, il émane trop de plaisir à être et de bonheur au bricolage de sa personne pour qu’on ne lui décerne pas son diplôme de créateur. Il le mérite : « il a fait des études » dit-il malicieusement. De « compagnon maçon » consent-il à préciser. Et nous regardons, lui et nous, ses mains rugueuses-intelligentes à ce moment là. Les gens le photographient. Sarouel multicolore, casque de cuir mi-sport mi-baroud, gilet afghan de la pampa : son dandysme ne passe pas inaperçu.
Même dans ce quartier voué à la mode et aux excentricités. Les gens le photographient encore. Beaucoup lui parlent mais peu vraiment. Aux paroles à la sauvette, il renvoie la balle de son sourire de vieux pirate habitué à protéger le trésor de son intimité. Personnage public, on sait peu de choses de lui. A peine ranime-t-il de temps à autres la bougie qui vacille dans sa lanterne.
23:23 | Tags : l'internationale intersticielle, taxi djino, aguigui mouna | Lien permanent | Commentaires (0)