Quatre roses pour un album (13/05/2018)

Rose Mercie à priori avait tout pour passer loin de nos oreilles. Nos activités blogueuses nous entraînant davantage vers les régions plastiques et littéraires que vers les territoires indépendants de l’indie rock, nous avions toutes les raisons d’ignorer ce groupe de 4 musiciennes polyvalentes, pas encore trentenaires ou à peine.

C’eut été dommage, pour utiliser le beau langage. Reconnaissance à celui-ci ! Il nous a mis sur la piste de ce quatuor qui fait circuler les voix, les guitares, les batteries et les synthétiseurs sur des voies de création peu empruntées. Les mouches ne s’attrapant pas avec du vinaigre, c’est à la lecture d’un papier de Laurent Thore trouvé dans les méandres du Net que nous devons la découverte du premier album des Rose Mercie.

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Nous ignorons si Laurent Thore est écrivain. On sait qu’il est Auvergnat. On le présente comme un chroniqueur - voire un rédacteur - pour des sites musicaux spécialisés. Mais comment ne pas reconnaître un bon article critique quand on en rencontre un ? Celui que Thore vient de donner à indiemusic a la chaleur communicative de l’enthousiasme alliée à la lucidité analytique de l’observateur. Peut-être parce que DJ lui-même, sous le pseudonyme de Deejay Doublelow, Thore est pour ainsi dire du bâtiment.

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Son érudition s’appuie sur le concret des choses. Et cela suffit à piquer notre curiosité. A ouvrir notre ouïe anesthésiée par la nécessité de supporter la soupe intrusive dans laquelle nous baignons du fait des ritournelles publicitaires, des sonneries de téléphone, des hits du moment.

Les cinéphiles qui, l’année dernière, ont vu Avant la fin de l’été, le film de Maryam Goormaghtigh, se souviennent que dans ce road movie relatant les pérégrinations de trois étudiants iraniens en France, les personnages croisent le chemin de deux rockeuses en tournée. Charlotte et Michèle, deux des Rose Mercie engagées pour jouer leur propre rôle.

Des autres membres du groupe, qui ont pour prénoms Inès et Louann, émanent, comme de leurs partenaires, une spontanéité sans artifices sur les photos. Cette authenticité fragile, elles savent la préserver dans leurs morceaux.

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Elle contraste avec un néo-conformisme carriériste qui se pare des plumes du Do It Yourself pour paraître décalé à peu de frais. En tous domaines, les esprits formatés s’entendent au détriment de ceux qu’ils croient réduire à la case autodidactes. Laurent Thore est plus respectueux

.

Dans son travail de DJ, il s’est approché du chant des sirènes. Il nous invite à ne pas résister à celui des Rose Mercie. Laissons nous donc envelopper dans leurs mélopées souterraines, dans leurs mélodies bouclées où la tonalité tenue, le retour hypnotique du même, la ligne subtilement accidentée accompagne le cœur et la pensée.

19:12 | Tags : l'internationale intersticielle, rose mercie, laurent thore, deejay doublelow, maryam goormaghtigh | Lien permanent | Commentaires (0)