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Objets de hasard

Sur les pierres de rêve, pourquoi ne pas rêver ? Attirés par le titre : Objets de hasard, nous nous sommes jetés dans l’arsenal délicieusement hétéroclite d’une vente aux enchères qui aura lieu le mercredi 16 mars 2016 à l’Hôtel Drouot. « Catalogue disponible » disait le site De Baecque, commissaire-priseur de l’événement. Pourquoi se gêner ? Nous voilà donc feuilletant d’un œil steeple-chase et d’un pouce à pilotage automatique les 60 pages d’une brochure à format humain qui regorge d’objets photographiés et légendés. Une demi-douzaine d’experts associent pour l’occasion leurs manches retroussées. Le territoire de la vente se situant aux croisements de l’archéologie, de la marine, des arts africains, océaniens, précolombiens, islamiques et populaires. Des masques, des statuettes, des bijoux, des outils, des maquettes…

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Tout le contraire d’une autoroute. Rien que des chemins de traverse, des ramifications où l’on saute d’un sentier à un buisson. Une provocation à l’intersticiel ! La machine désirante s’est arrêtée pour nous sur le numéro 93. Un monolithe, sculpté à la serpe, du Nigeria que l’on dirait tombée de la lune. Au basalte volcanique qui a servi ici de matière première on doit évidemment beaucoup. C’est le genre de pierre qui ne permet pas les petits chichis perfectionnistes.

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Aussi n’attire-t-il que les créateurs en possession d’un style évocateur et rustique dont l’expressivité figurative louche vers des contenus suggérés ou abstraits qui nous échappent. C’est le cas des fameux Barbus Müller ou des rudes œuvres de l’italo-auvergnat Joseph Barbiero. C’est aussi celui de cette pièce sortie de l’eau de la Cross River. S’il est permis de rapprocher des sculptures brutes, modernes et européennes avec des productions africaines et votives, datant peut-être du XVIe siècle.

Certes, en cherchant un peu, nous ne pouvons ignorer que la pierre de la vente De Baecque, comme ses petites camarades qui sont proposées parfois par des galeries d’art premiers, peut être attribuée aux Ejagham (ou Ekoï) de la région frontière entre le sud-est du Nigéria et le sud-ouest du Cameroun. Ces pierres Akwanshi (« personne sous terre ») servant de marques de sépultures, la tradition se perpétue de les enduire de blanc ou de pigments lors de festivités. Ce qui leur vaut, paraît-il, d’être associées à la sorcellerie par les monothéismes actuels.

La traçabilité affichée de notre numéro 93 ajoute son grain de mystère à la chose. Ce monolithe a appartenu à Francis Mazière (1924-1994), explorateur et conférencier adulé du public des années soixante.

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Ses hypothèses, aussi aventureuses que ses expéditions, développées dans Fantastique île de Pâques son best seller, valurent à cet ethnologue trop médiatique ayant pris ses distances avec les anthropologues du Musée de l’Homme, l’opposition de la science officielle. La présence du monolithe 93 dans la Collection de Mazière nous incline cependant à y respirer ce parfum d’énigme qu’il y soupçonnait sans doute.

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Lien permanent Catégories : Machineries désirantes, Matières plastiques 0 commentaire Imprimer

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