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L’art des Marquises

« Nous précédant de quelques pas, un jeune gentleman, très bien tatoué, vêtu d’un pantalon blanc et d’une chemise de flanelle, s’avançait d’un air détaché. »

On est en 1888. Robert Louis Stevenson se souvient de cette rencontre. Lors de son premier voyage dans le Pacifique sud à bord du yacht Le Casco.

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On est à Hiva oa, principale île de l’archipel des Marquises, dans un vallon proche du village d’Atuona. Suivons Stevenson qui suit Poni le Marquesan. Dans un endroit idyllique, Poni demande aux voyageurs de s’asseoir.

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Il s’absente un moment et revient avec une noix de coco pour se rafraîchir, un morceau de bois de santal et « un bâton qu’il avait commencé de sculpter ». Ce bâton témoigne du malentendu inhérent au contact de deux positions d’esprit, encore éloignées l’une de l’autre à l’époque. La polynésienne et l’européenne.

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Citons : « une portion seulement était sculptée, quoique le reste du dessin fut crayonné tout du long ». Est-ce parce que l’écrivain-voyageur créditait son interlocuteur de « vanité ingénue » qu’il lui demanda d’acheter l’objet ? Toujours est-il que loin de vouloir « récolter des éloges prématurés » Poni « recula d’horreur ».

La suite est à rapprocher de ce que Michel Leiris relate dans L’Afrique fantôme (1934) à propos des méthodes de la mission Griaule où l’on n’hésitait pas à soustraire leurs fétiches aux villages dogons.

Tranquillement Stevenson qui fait d’ordinaire preuve de curiosité bienveillante et d’empathie à l’égard de ceux qu’on appelle alors les « naturels » ajoute : « Sans m’émouvoir, je refusai tout bonnement de le restituer, car je m’étonnais depuis longtemps qu’un peuple capable de manifester dans le tatouage un tel don d’invention arabesque, ne le déployât nulle part ailleurs. Je tenais enfin une preuve du même talent, sur un autre mode ; et l’inachèvement, à notre époque de trucage, était pour moi une heureuse marque d’authenticité ».

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Les passages cités, dans la traduction de Théo Varlet, proviennent de : Dans les mers du sud. 

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