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Pipilotti vous fait une fleur

 

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Pipilotti va trop fort ? C’est ce que nous nous sommes demandé quand Ever is over all, magie à double détente de la vidéaste suisse Elisabeth Charlotte Rist, est tombée entre nos mains au hasard de nos maraudages dans la jungle du Net.

Fallait-il l’expulser tout de suite pour crime d’art-contemporanéité congénitale ? Ou tenter de l’acclimater à notre territoire intersticiel ? Au sein du comité de rédaction de l’ii, le débat fut rude.

Mais dans cette mise en scène d’une violente douceur il subsistait, presque 20 ans après sa création, quelque chose de trop décalé pour que nous ne courions pas le rist d’une adoption.Les Arts 2 cm.jpg

 

Ever is over all (1997)

Tirer la nappe sous le couvert. Foncer dans une vitrine de magasin avec un bolide lancé à pleine vitesse. Casser des bouteilles sur le mur du voisin. Etre cet éléphant sans vergogne dans une boutique de porcelaine, c’est mon rêve. Qu’il ne reste rien en un seul morceau, cela m’est proche.

Cette femme inoffensive, regardez-là, avec sa robe de satin bleu vierge-Marie et ses chaussures rouges qui l’ont ensorcelée, il y a du Emily Watson dans son allure. Elle déambule dans la rue avec grâce, voltigeant presque. Elle brandit un drôle de sceptre avec lequel elle casse allègrement les pare-brise des véhicules stationnés.

La bande son est aussi douce que son murmure intérieur car plus elle casse, plus elle jubile, et plus elle se sent bien. Elle agit comme une créature illuminée sous l’œil hagard de passants pas inquiets pour autant. Une femme flic lui fait même un petit signe de connivence comme si elle lui disait « chapeau ma belle ! ».

La vidéo est projetée sur un mur à angle droit, l’action de face et, à l’équerre, une végétation luxuriante filmée en gros plan : traditionnels brins d’herbes ballotés par le vent, coquelicots agitant mollement leurs pétales de crépon. Tout est fluide et atemporel mais nous sommes captés par la séquence d’action et cette fleur de métal qui se prend pour une matraque. Agir comme une petite frappe en escarpins et robe d’azur, sans être aucunement arrêtée dans sa course, c’est un plaisir illicite de première force.

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Lien permanent Catégories : Ecrans, Flonflons, Matières plastiques 0 commentaire Imprimer

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