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Ecrans

  • Londres à Cayenne

    Retour Au bagne. Par la lecture. Celle du grand journaliste Albert Londres.

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    Son reportage de 1923 sur la Guyane. Avec ce livre et avec L’Homme qui s’évada (1927), il contribua à la fermeture du pénitencier de Cayenne.

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    Dans ces ouvrages, réunis dans la Collection 10-18 avec une introduction de Francis Lacassin, Londres prend fait et cause pour Albert Dieudonné (1884-1944).

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    Cet ébéniste anarchiste fut condamné sur des présomptions et des témoignages douteux. Pour une participation (jamais prouvée) au braquage de la banque de la rue Ordener commis par la Bande à Bonnot que Dieudonné fréquentait sans en faire vraiment partie.

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    Dans Au bagne, on croise aussi, Jean De Boë (1889-1974), un autre ouvrier anarchiste, impliqué dans les actions illégalistes de l’époque.

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    Supposé complice des « bandits tragiques », ce typographe en sabots figure sur une vieille carte postale montrant le départ des forçats pour l’Ile de Ré, première étape de leur calvaire.

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    A son propos, Albert Londres -pourtant peu prolixe sur les travaux d’art des bagnards- note un fait curieux. Pour un autre prisonnier et sur « une lampe faite dans un coco », « de Boué (sic) de la bande Bonnot avait gravé (peut-être avec son surin) un des plus beaux versets des psaumes ».

    La remarque prend tout son sel quand on sait que ce compagnon de détention n’est autre que Benjamin Ullmo (1882-1957), officier condamné à la déportation à vie pour avoir dérobé et voulu vendre des secrets militaires dans une intention cupide.

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    Ce « traître », trahi par la femme pour laquelle il se ruinait, fut sauvagement sevré de sa toxicomanie à l’opium. Il resta 8 ans seul sur l’île du Diable où il faillit devenir fou. Ironie du sort : Ullmo occupa la case du Capitaine Dreyfus alors gracié.

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    Si Dreyfus était innocent et Ullmo coupable, tous deux étaient gradés et juifs. La conduite répréhensible du second offrit donc aux antisémites une occasion de reprendre leur calomnies. « On a été traître comme on a été ivre. Je suis dégrisé, croyez-moi » déclara Ullmo qui réussit à se réhabiliter. Non sans passer par une crise mystique et une conversion au catholicisme mal vécue par sa famille restée en France. De ce point de vue, il est significatif de constater que le psaume gravé pour lui par De Boë : « Si l’Eternel ne bâtit la maison » (cantique des degrés de Salomon) fait partie d’un recueil rejeté de la Bible officielle du judaïsme et du christianisme.

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    Ne quittons pas cette note et le bagne sans signaler que l’on peut voir Dieudonné dans le documentaire-fiction de Jacques Brunius intitulé Autour d’une évasion (1931). On y entend La Belle, chanson réaliste d’Albert Londres interprétée par Lucienne Boyer.

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    On y déroule le plastron de Robert le tatoué, long morceau de peau humaine historiée prélevée sur la poitrine d’un bagnard.

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  • Dubuffet à Paterson

    Que ce soit pour les cupcakes, pour Marvin le bouledogue (Palme Dog 2016 à Cannes)

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    ou pour William Carlos Williams, on peut voir et revoir Paterson, le film de Jim Jarmusch.

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    Toutes les occasions sont bonnes de se plonger dans son ambiance si décalée des frénésies formalistes hollywoodiennes.

    Lundi 29 octobre 2018 il passe sur Ciné Émotion à 13h30 et encore le dimanche 4 novembre à 18h05 et mardi 6 novembre à 22h40 sur la même chaîne.

    Même si les chiens, les petits gâteaux et le New Jersey vous laissent froids, même si la vie d’un chauffeur de bus n’est pas à priori votre tasse de thé, consommez sans modération Paterson jusqu’à son étonnante séquence finale où le héros, déprimé par la perte de son carnet intime boulotté par son bouledogue, reprend goût à la vie face aux chutes de la rivière Passaic.

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    Ceci grâce à la rencontre d’un inconnu, un voyageur japonais (l’acteur Masatoshi Nagase) qui fait un pèlerinage littéraire dans le coin.

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    Celui-ci, qui est écrivain, détecte la passion d’écrire chez son interlocuteur américain. Cherchant à vaincre ses réticences et à lui prouver combien sa profession banale peut être source d’inspiration, il lui objecte cette certitude enrobée dans une question : « Did you know interesting french artist Jean Dubuffet was meteorologist on top of Eiffel Tower Paris in 1922 ? Very poetic ».

    D’autant plus poétique que c’est Frank O’Hara, fameux poète de l’École de New York, qui lui aurait appris ce détail dit le Japonais. Pourquoi pas ? O’Hara savait sûrement que c’est lors de son affectation aux services météo pendant son service militaire que Dubuffet s’intéressa aux « observations » de Clementine Ripoche, visionnaire dans les nuages.

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  • Crise d’aquarelle!

    Un peintre qui refait sans cesse le même tableau a de quoi piquer la curiosité d’un lecteur quand il le rencontre dans un livre. Surtout si le tableau représente simplement une souche d’arbre au milieu d’une clairière avec un oiseau perché dessus. Le lieu d’exposition de cette œuvre unique dont seules les couleurs varient avec les saisons n’est pas moins banal. Non une galerie ou un musée d’art contemporain mais un grand magasin de Montréal dans les années soixante.

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    Difficile de croire que Michel Tremblay, né sur le Plateau, n’exploite pas ses souvenirs d’enfance dans Le Peintre d’aquarelles.

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    Même si le héros de ce roman qui a l’âge de l’auteur et qui produit comme lui de désarmantes images minimalistes ajoute sa dimension photosensible à l’évocation du peintre d’un établissements aujourd’hui disparu.

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    « [Il] peignait sur place, de neuf à cinq, six jours par semaine. (…) Ses tableaux se vendaient comme des petits pains chauds. (…) On l’avait installé à droite de l’entrée dans une espèce de petit atelier. (…) Il installait les œuvres à vendre sur des chevalets, il était donc entouré de dizaines de copies de celle qu’il était en train de faire. »

    Marcel, le narrateur, surnommé Pigeon, est fasciné. Quand il va au magasin avec sa mère ou avec sa tante, il les tire «invariablement vers l’atelier du vieux monsieur à la pipe »Sa mère trouve que le peintre est fou. Sa tante déclare parfois qu’elle accrocherait bien trois de ses tableaux chez eux : « J’trouve que ça nous ressemble : toujours la même chose, juste des détails qui changent. ».

    C’est cette tante Nana qui portera assistance au petit Marcel lors de cette épisode qui fait de la quarante et unième page du roman de Tremblay publié chez Actes Sud, un morceau de bravoure.

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    « Une fois j’étais resté trop longtemps devant les tableaux », raconte Marcel, « et, est-ce la répétition de la même image qui avait produit en moi un effet de stroboscope, je ne l’ai jamais su, j’avais fait une crise d’épilepsie en plein magasin L. N. (Louis-Napoléon) Messier ».

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  • Poubelles rebelles à Tréboul

    Une bonne nouvelle pour commencer l’année.

    On a relâché le graffitiste de Douarnenez qui se livrait en catimini à l’inventaire général des titres de films sur les poubelles de sa ville.

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    Affaire à suivre cependant car la restauration à l’identique de ces pièces maîtresses du mobilier urbain coûterait paraît-il une fortune aux contribuables finistériens. Souhaitons que les tribunaux fassent preuve en cette affaire d’autant de compréhension et de célérité que la maréchaussée.

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    Celle-ci n’ayant pas mis plus de 4 mois pour appréhender en douceur le présumé cinéphile après que ses agissements iconoclastes (mais artistiques) aient été signalés sur un blogue amateur de pied dans le plat.

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  • Mouvement perpétuel

    Dans L’Enfer des anges, un film de Christian-Jaque, sorti en 1941, cet objet hautement interstiCiel fabriqué par l’un des jeunes de la Cité qui sert de cadre à l’action. Un piège à rats ? Un métier à tisser ? Un instrument de musique ?

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    Non. Mieux que tout cela, beaucoup mieux : une machine à mouvement perpétuel. Rien moins.

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  • Ponny soleil sauvage

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    Visages Villages : Ponny de Reillanne. Seuls ceux qui n’ont rien compris au Film InterstiCiel se sont abstenus d’aller voir le nouveau documentaire d’Agnès Varda et de JR son agile compère, photographe-colleur de rue.

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    En Provence où il fut tourné en partie, VV a fait la une des journaux.

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    Et sur le Net on trouve tout sur lui, y compris une goûteuse bande annonce pour mettre en appétit les retardataires.

    Ne pas rater cependant la dernière séance. A La Manutention d’Avignon, il passe encore en cette fin juillet 2017.

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    La chronique de la Gazette Utopia, distribuée sur la ville, se termine par des mots qui donnent envie d’excursions dans le Luberon. Ce sont ceux de Ponny, « artiste méconnu et haut en couleurs » qui fait une apparition remarquable dans le film : « Je suis né à l’ombre d’une étoile. Ma mère la lune m’a donné sa fraîcheur. Mon père le soleil, sa chaleur. Et l’univers pour y habiter».

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    Le succès du tournage à Reillane, village perché à l’écart sur la route d’Apt à Forcalquier, est loin d’avoir monté à la tête de ce personnage qui « a des muscles dans les  rides », comme JR le dit d’Agnès.

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    Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il demeure caché. A l’office du tourisme, on vend 3 cartes postales de son Capsulistan.

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    La dame au léger accent anglais, qui renseigne gentiment les curieux, a beau localiser sur un plan l’endroit où - croit-elle -réside l’homme aux assemblages colorés, on erre, une fois sur place.

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    Après le cimetière, un chemin en surplomb d’une jungle végétale mais aucun sentier pour y descendre. Pas même l’indice du passage régulier d’un homme. D’ailleurs est-ce là ? Rien n’est moins sûr.

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    h invisible.jpgOn n’aperçoit rien du domaine sans téléphone ni électricité de Ponny. Décevant ? Non. Une telle discrétion plaide pour l’authenticité de ce personnage. Elle mérite d’être respectée. Comme les bandelettes de l’homme invisible.

     

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  • Rugir à ravir

    Plus fort que les hologrammes de grosses bêbêtes lâchés dans les rues de Paris par Alexandre Zanetti, il y a Roar.

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    ROAR, il faut l’écrire en cap tant c’est terrifiant d’interstiCialité. Imaginez un déluge de fauves, une coulée de lions comme une coulée de lave. Cascade de tigres, de panthères, de pumas.

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    Concert de feulements, de rugissements, de barrissements. De grêles voix humaines aussi au mileu des cris rauques : ROAR ! Le robinet sauvage est ouvert et la baignoire de la civilisation déborde. Roar bouscule, Roar ravage.

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    Ce film, tourné vaille que vaille entre 1974 et 1980 passe pour le plus dangereux jamais fait. Du moins pour les acteurs : le cercle familial de Tippi Hedren (l’héroïne des Oiseaux d’Hitchcock) et de son mari le producteur Noël Marshall, réalisateur de Roar

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    De récents passages TV ont remis Roar en lumière et il le méritait. L’argument  en est simple : une dame séparée de son mari emmène ses enfants dans la jungle africaine pour rendre visite à leur père; elle ignore que celui-ci, scientifique excentrique, partisan de la cause animale, abrite dans sa maison et sur son ranch une tripotée de carnivores exubérants et libres, joueurs et batailleurs.

    Lors de la sortie du film en 1981 cela parut naïf. La mode des utopies californiennes était passée. Un paradis turbulent réunissant des animaux sauvages et des gens blonds aux dents blanches, ça ne fit pas recette.

    Tippi et Noël se retrouvèrent sur la paille. Avec Roar on est loin pourtant de l’imagerie lénifiante des sectes bibliques ou des numéros de cirque des peplums hollywoodiens. Mieux qu’un banal spectacle Roar est une confrontation permanente avec le Réel.

     

    Aux âges farouches de l’humanité il nous ramène. A notre rapport à la nature indisciplinable, il nous oblige à penser. Il n’y a guère que les Marx Brothers pour mettre en scène pareille anarchie. Apprivoisés mais non dressés, les fauves de Roar ne craignent pas les hommes.

    Ils les prennent pour des membres de leur tribu. On se fait des papouilles à assommer un buffle, on vautre ses 200 kilos sur la gracile Tippi. Chacun passe sa griffe à son voisin et tant pis si c’est Mélanie Griffith dont on mordille gentiment la tête.

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    Résultat de ce débordement d’affection, d’humeur ou de curiosité : 70 accidents de tournages, les bêtes se révélant ingérables.

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    Mais quelques morceaux de bravoure inoubliables. Le frigidaire où un acteur s’est réfugié ouvert d’un coup de papatte fureteur. Deux gros derrières de tigre dans une jeep.

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    Les coussins du salon qu’on déchire, les sculptures africaines qu’on lèche. Impossible de les faire sortir : c’est leur maison. Et ils vous suivent par douzaine dans vos rêves comme ils suivent les acteurs dans leur chambre à coucher pour une sieste. roar1.jpeg

     

     

     

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  • Bukowski a bien fait ça

    Des jours comme ça, on se soûlerait bien à en crever l’écran de l’ordi. Ça m’a fait penser à Charles Bukowski, l’écrivain américain dont la machine à écrire faisait vibrer les murs. Faut pas croire, aux States, ils ont des poètes et Hank (un des pseudos de Bukowski) en est un. Un de la pire espèce ravageuse qui a tendance à foutre sa poésie dans la vie.

    On se souvient de sa tournée en Europe en 1978. De son passage à Paris sur le plateau d’une émission de TV dont il fit voler en éclats la prétention littéraire. MDR je demeure quand je revois le grand anarchiste Cavanna, débordé sur la gauche de sa gauche par l’auteur des Contes de la folie ordinaire, finir par ordonner à ce vieil enfant terrible l’ordre de fermer sa gueule.


    Mais on ne saurait avec Bukowski en rester à la case spectacle. Aussi faut-il lire la relation des faits telle qu’il la livre dans Shakespeare n’a jamais fait ça. « Allez, bois un petit coup … Ça te fera du bien au gésier… » glisse Bukowski à « l’animateur » qui ne l’impressionne « pas des masses » malgré sa notoriété en France. « Avec dédain », Bernard Pivot lui aurait « fait signe de la boucler ».

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    Selon Mr Hank, « le psy qui avait administré les électrochocs à Artaud » (le docteur Ferdière) n’arrêtait pas de « le scruter ». And so on jusqu’à l’éviction du perturbateur qui, de son aveu goguenard même, « avait déjà pas mal éclusé ».

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    Lisez vous-mêmes. Les cossards ou les radins qui hésiteraient à se procurer ce Shakespeare du « vieux dégueulasse » doivent savoir qu’ils manqueront aussi la non-visite du centre Pompon par Bukowski, bras-dessus bras-dessous avec le cinéaste Barbet Schroeder. « Heureusement que Barbet n’a pas proposé qu’on entre, j’étouffe dans les musées, je préfère encore aller voir un mauvais film, ça m’agresse moins ».

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    Citer c’est trahir déjà mais à celles et ceux que décourage une journée de « turbin ordinaire » ou de chomdu, comment ne pas recommander la description du parvis de Beaubourg où s’affairent des « personnages intéressants » parmi lesquels « toutes sortes de cinglés malsains, endurcis, pathétiques, affamés, automutilés ». Et pour tirer la couverture interstiCielle à moi, j’ai noté : « Un type écrivait un message avec son propre sang sur le ciment ».

    La suite vaut le détour et tout le livre est à consommer sans modération comme la chronique intime et décalée d’un voyage cahotique qui fait grincer des dents et hurler de rire ce qui n’est pas négligeable en ce moment.

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  • Pastor encore

    A ces confins de l’être et des choses vers quoi l’on verse à l’approche du sommeil, du réveil, de la naissance ou de la mort, un peintre dans l’ombre s’est consacré et c’est Gilbert Pastor.

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    Pastor encore. Bien que disparu en 2015 à 83 ans. Mais disparaître est-ce que ça compte quand on travaille comme lui le silence ? Quand on s’immisce comme lui dans ce no man’s land situé entre lumière et ténèbres ?

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    On avait pris l’habitude de croiser Gilbert Pastor (sinon lui, son œuvre) à Paris où la Galerie Béatrice Soulié lui a consacré récemment plusieurs de ses expositions. Figurait toujours là L’Œuf sauvage, la revue de Claude Roffat qui n’avait pas craint –en mars 1992 déjà– de consacrer la couverture de son numéro 3 à une « apparition » sans titre du peintre d’Aups.

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    Pastor revient ou son fantôme (mais un fantôme pétri de la chair de nos rêves) à la Polysémie, galerie marseillaise, à partir du 3 novembre –jour du vernissage– au 17 décembre 2016.

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    invit lutrin.jpgGilbert Pastor qui, dès 1977, montra son travail à Lyon au Lutrin de Paul Gauzit, renoue ici avec sa Provence qu’il faut s’imaginer à rebours des clichés touristiques.

    Une Provence noire où l’on se protège des soleils tartarinesques et du mistral toujours gagnant par des ruelles, des volets clos, des escaliers étroits, des volumes confinés, des poussières.

    Une Provence ouverte à la rumeur du monde cependant puisque Gilbert Pastor entra dès 1948 dans la peinture par le truchement de Boris Bojnev, un poète russe qu’il considérait comme son père spirituel. 

    bojnev 2.jpgRévélé par Alphonse Chave dans sa galerie vençoise au début des années soixante, Bojnev reste fameux pour ses œuvres touchantes et originales, où il assemblait petites toiles naïves anonymes et encadrements insolites faits de textiles peints, d’éclats de bois et d’éléments végétaux.

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    A ces « auras », Pastor d’abord contribua. Avant d’inventer sa voie qui, pour prendre elle aussi naissance dans l’autodidactisme, n’allait pas moins le mener vers toujours plus d’intériorité.

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    On se fera une idée de son parcours intime en consultant le dossier de presse de la Galerie Polysémie.

    couv presse.jpgA plusieurs livres, Pastor donna des illustrations. Par exemple ce rare dessin original qu’il réalisa pour le tirage de luxe d’un texte de Bernard Noël (Les Plumes d’Éros) paru en 1993 chez Les Autodidactes.

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    Son absence de concession nous paraît coller à ce passage d’un article (signé M.H.) de la Gazette de l’Hôtel Drouot paru en 1995 : «Le sfumato qui les [les œuvres de Pastor] enveloppe n’est pas là pour camoufler quelque inaptitude que ce soit mais, bien au contraire, pour voiler la maîtrise technique. L’artiste reste constamment en deçà de ses moyens. Tout est ici réserve et pudeur. Dans ses toiles aux couleurs délibérement étouffées, tout comme dans ses grands dessins mystérieux qu’irise parfois un soupçon de couleur, Pastor reste en retrait, rejetant toute exhibition de son talent. Chacune de ses œuvres est un appel muet».

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  • Jacques-B Brunius sort de l’ombre

    Le Brunius du Sandre est arrivé. Jacques-Bernard Brunius c’est ce grand type en maillot rayé et moustaches en guidon de vélo qui canote dans La Partie de campagne de Jean Renoir. Il a laissé de lui cette image de faune qui danse autour de l’émoustillée madame Dufour interprétée par Jane Markel.

    Aérien, classieux et drôle à la fois. Échalas léger. Grande tige flexible. Roseau spirituel. Tout pour s’illustrer dans le registre du fugace. De ces seconds rôles qui participent si bien de l’ambiance des films qu’on finit par en oublier le nom des acteurs qui les incarnent.

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    Brunius. Brunius dont la carrière sur les écrans a éclipsé les autres talents de : réalisateur, poète, critique d’art et de littérature, essayiste, traducteur. D’homme de radio et de collagiste aussi. Toutes activités rondement menées, à cheval sur la France et l’Angleterre où il resta après la guerre qui le vit prendre -lui si peu gaulliste- une part active dans les émissions anti-nazis de la BBC.

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    Activités variées où il sut préserver ce « côté improvisé, amateur, dilettante » que Renoir admirait dans son jeu. « Touche-à-tout de génie » selon André Breton dont Brunius qui se situait dans l’orbite gravitationnelle du surréalisme était le correspondant fidèle.

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    "Ma main". Dessin de Brunius (1949)

    Mais il faudrait ôter de cette expression ce qu’elle conserve de péjoratif. Toucher à tout, dans le cas de Brunius, c’était non seulement donner libre cours à une curiosité insatiable, c’était aussi s’inscrire dans une position par nature risquée (pour ne pas dire interstiCielle). Celle où les autres restent désorientés de ne savoir vous cibler.

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    Cet éclectisme assumé, en accord avec ce dandysme britannique dont Brunius cultivait le genre vestimentaire, trouve son emblème dans le titre Violons d’Ingres qu’il donna en 1939 à son documentaire pionnier sur le Facteur Cheval et d’autres créateurs spontanés comme Auguste Corsin d’Etampes ou Angelina Opportune Leverve de Semur-en-Auxois. Il eut cependant l’inconvénient de flouter l’image de cette figure du cinéma dont l’œuvre restait méconnue du fait de sa dispersion dans les revues, les journaux, où Brunius publiait.

    Aussi faut-il tirer son béret français aux Éditions du Sandre qui prennent l’initiative de faire remonter à la surface, grâce au travail de Grégory Cingal et Lucien Logette, un choix riche et significatif de textes bruniusiens oubliés. L’ouvrage de 542 pages ressemble à un petit coussin dodu.

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    Mais il ne faut pas s’affoler. D’abord parce qu’il contient un index, une table et une présentation très commode. Ensuite parce que l’ordre chronologique suivi facilite le repérage. Les maniaques s’agaceront du temps qu’il faudrait prendre pour en faire une consommation systématique. Mais les adeptes d’une lecture diagonale adaptée à la démarche primesautière de Brunius y trouveront leur chemin. En privilégiant par exemple les témoignages, les lettres à sa fille (aussi émouvantes que celles de Breton à Aube), les déclarations ou les réponses à des enquêtes… Et en se laissant distraire par tout relief que leur œil rencontrera.

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  • Pipilotti vous fait une fleur

     

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    Pipilotti va trop fort ? C’est ce que nous nous sommes demandé quand Ever is over all, magie à double détente de la vidéaste suisse Elisabeth Charlotte Rist, est tombée entre nos mains au hasard de nos maraudages dans la jungle du Net.

    Fallait-il l’expulser tout de suite pour crime d’art-contemporanéité congénitale ? Ou tenter de l’acclimater à notre territoire intersticiel ? Au sein du comité de rédaction de l’ii, le débat fut rude.

    Mais dans cette mise en scène d’une violente douceur il subsistait, presque 20 ans après sa création, quelque chose de trop décalé pour que nous ne courions pas le rist d’une adoption.Les Arts 2 cm.jpg

     

    Ever is over all (1997)

    Tirer la nappe sous le couvert. Foncer dans une vitrine de magasin avec un bolide lancé à pleine vitesse. Casser des bouteilles sur le mur du voisin. Etre cet éléphant sans vergogne dans une boutique de porcelaine, c’est mon rêve. Qu’il ne reste rien en un seul morceau, cela m’est proche.

    Cette femme inoffensive, regardez-là, avec sa robe de satin bleu vierge-Marie et ses chaussures rouges qui l’ont ensorcelée, il y a du Emily Watson dans son allure. Elle déambule dans la rue avec grâce, voltigeant presque. Elle brandit un drôle de sceptre avec lequel elle casse allègrement les pare-brise des véhicules stationnés.

    La bande son est aussi douce que son murmure intérieur car plus elle casse, plus elle jubile, et plus elle se sent bien. Elle agit comme une créature illuminée sous l’œil hagard de passants pas inquiets pour autant. Une femme flic lui fait même un petit signe de connivence comme si elle lui disait « chapeau ma belle ! ».

    La vidéo est projetée sur un mur à angle droit, l’action de face et, à l’équerre, une végétation luxuriante filmée en gros plan : traditionnels brins d’herbes ballotés par le vent, coquelicots agitant mollement leurs pétales de crépon. Tout est fluide et atemporel mais nous sommes captés par la séquence d’action et cette fleur de métal qui se prend pour une matraque. Agir comme une petite frappe en escarpins et robe d’azur, sans être aucunement arrêtée dans sa course, c’est un plaisir illicite de première force.

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  • Donald et les Nazis

    En prolongement de la note précédente et au moment où les rééditions critiques d’un maudit bouquin (récemment tombé dans le domaine public) tournent au best seller, voici : Der Fuehrer’s Face, un dessin animé de 1943.

    Ce qui prouve qu’on peut se battre avec Disney et pas toujours contre.

    « Intellectuel, non ? » aurait dit Pierre Desproges.

    Et même interstiCiel en quelque sorte.

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  • Amours alpines

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    On pourrait croire que les bergers sont des santons qui passent leur temps à faire du baby-sitting en attendant des people couronnés. Il n’en est rien. Et il est bon de se rappeler que leur condition était moins pastoralement idyllique. Aujourd’hui avec les smartphones ça va mais jadis l’isolement auquel leur métier les exposait ne devait pas être d’un rose Marie-Antoinette.

    Certes, la solitude les conduisait à l’art. Ils sculptaient le bois, sifflaient, vocalisaient, jouaient de la flûte comme personne. Mais elle engendrait aussi des frustrations. Pulsions sexuelles et pulsions d’art se combinaient alors.

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    Comme dans la légende de la Sennentuntschi tombée de la montagne grisonnaise qui n’abrite pas que des Heidi. Dans l’imaginaire des Alpes la Sennentuntschi désigne cette poupée de paille et de bois que les bergers confectionnaient pour assouvir leur besoin physique. Un sex toy rustique-moderne en quelque sorte. Un mannequin-fétiche qui fait penser à celui qu’Oskar Kokoschka fit fabriquer après sa rupture avec Alma Mahler.

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    Le problème c’est que la poupée d’amour de la légende suisse-allemande finissait par s’animer d’une diabolique indépendance et à se retourner contre qui avait abusé d’elle. Moral ! Jusqu’au 21 février 2016 le Rätisches Museum de la ville de Chur (Coire en français) consacre une exposition aux Sennentuntschi.

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    Un thriller d’horreur du réalisateur Michael Steiner a, en 2010, porté au cinéma la créature érotique et meurtrière des alpages. Une vampirique affiche, réalisée par Ernst Oppliger d’après des motifs traditionnels en papier découpé, nous confronte avec le regard charbonneux de cette Cruella de la montagne.

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    Au théâtre, une pièce fut aussi tirée de la légende par le dramaturge suisse Hansjörg Schneider en 1971.

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    Qui voudra en savoir plus sur la Sennenpuppe ou sur d’autres aspects de l’érotisme lié au pastoralisme et à la transhumance aura intérêt à consulter (comme moi) l’article de l’ethnologue Guillaume Lebaudy paru dans la livraison du printemps 2015 de la revue L’Alpe (Glénat / Musée Dauphinois) intitulé : Le Sexe de l’Alpe, numéro (presque) érotique.

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    Empruntons lui pour finir ce photo-relevé de Nathalie Magnardi donnant à voir des nus et une scène primitive gravés sur des roches dans le secteur du pic des Merveilles.

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  • Lendemains interstiCiels

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    Cliquer dans l'image

    Marcel Lévesque dans :

    Le Crime de Monsieur Lange

    un film de Jean Renoir

    (1936)

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  • Retour de Bad Boy Bubby

    En cette fin d’année, offrez-vous du triple B et visionnez l’épatant Bad Boy Bubby, un film de Rolf de Heer qui nous vient d’Australie et qui a raflé plusieurs distinctions à la Mostra ! Qu’est-ce que je faisais en 1995 pour être passée à côté de ce chef-d’œuvre ?

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    Bad Boy Bubby c’est d’abord la découverte d’un acteur démentiel au sens premier du terme : Nicholas Hope. Doté d’un physique de western spaghetti, visage buriné et yeux bleu délavé, il était a priori incompatible avec le rôle de Bubby.

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    Pourtant, dès les premières minutes, il accomplit des prouesses de jeu remarquables, notamment grâce à une mâchoire indépendante de son visage qui n’est pas sans évoquer celle d’un Jack Nicholson. C’est la merveille ! Une performance hors du commun, bien aidée d’ailleurs par tous les autres acteurs du film.

    Ne vous dérobez pas aux premiers instants, poursuivez ! Vous ne le regretterez pas… Bubby apparaît pour la première fois, nu, les pieds dans une bassine de fortune. Cheveux hirsutes et longs, crâne et tempes dégarnis. Sa mère le rase comme un homme et le lave comme un petit garçon.

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    Depuis 35 ans, elle le maintient en enfance à coup de trique et de préceptes religieux pour simplet. Ils vivent dans un réduit de deux pièces sans lumière du jour et, quand elle doit sortir, elle enfile un masque à gaz factice pour lui faire croire que l’air du dehors est toxique.

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    Petit crucifix sans tête, seul ornement au mur. « Dieu voit tout ce que tu fais et il va t’écraser… » Il n’y a rien à faire, pourtant. Rien d’autre que de torturer un chat malingre. Rien d’autre que de se faire chevaucher, tous les soirs, par une mère cinglée, redoutable bigote lubrique. Moments plus calmes où Bubby a le droit de la maquiller ou bien d’enfiler ses robes pour l’imiter à la perfection.

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    La mère fait du caramel et le verse délicatement dans des collerettes de papier d’un blanc immaculé perturbant, au milieu de toute cette crasse. En son absence, Bubby doit rester immobile sur une chaise toute la journée devant ces douceurs auxquelles il ne peut toucher. Coup de théâtre, le père un minable escroc revient habillé en prêtre de pacotille…« Pourquoi l’avoir prénommé Bubby ? » La mère rétorque qu’elle attendait son retour pour donner un prénom ! Aussitôt, la situation est changée. Sous la coupe du père, la mère néglige son Bubby, elle en oublie presque de le violenter.

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    Après un acte libératoire, Bubby enfile la panoplie du paternel, le col blanc de « pope » et se fabrique une étrange barbe avec du caramel et un peu de ses cheveux coupés. Un autre film commence. C’est dans cet accoutrement qu’il sort dehors pour la première fois de sa vie. Pleine nuit lynchéenne sur les docks du port d’Adelaïde. Il croise une petite chorale de l’armée du salut dont le chant le fascine. Il découvre la pizza. Il n’a pour langage que les phrases ordurières qu’il a entendues toute sa vie et qu’il replace de façon incongrue et décalée, ce qui donne lieu à des scènes très burlesques. Sans malice, il touche les seins de chaque femme dotée d’une poitrine opulente. Certaines seulement s’en trouvent heureuses.

    Il fraye avec un groupe de rock désargenté. La musique lui ouvre le monde. Petit à petit, son champ d’expressions et d’attitudes s’étoffe.

    Scène d’anthologie où il retrouve le groupe de rock sur scène dans un bar. Le guitariste lui tend le micro. Bubby accomplit alors une prouesse vocale, une improvisation naturelle à base de miaulements, de cris et une bordée d’injures scandées avec un sens inné du rythme. Il devient le performer « pope », s’inventant sur scène une identité autre. Plan resserré sur son visage éclairé magnifiquement par des poursuites changeantes. Deux autres performances « live » suivront, avec un flow tout aussi jubilatoire.

    Dernier volet : la rencontre dans un parc avec des handicapés. Bubby a désormais assez de mots à lui pour traduire les émotions de personnes bouclées en elles-mêmes, tout en restant un grand enfant dans l’âme qui va à l’essentiel : le toucher, le manger.

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    La fin extraordinaire ne se dit pas.

     

    On attend une sortie dvd - digne de ce nom - et qui respecte la bande-son si élaborée.

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