« Autrefois, j’ai possédé une tête de mort que j’emportais avec moi de ville en ville. Je l’avais trouvée dans une vieille chapelle. En retournant les tombes, on avait mis à nu des squelettes centenaires. Sur les crânes étaient alors inscrits le nom et le lieu de naissance des défunts. Sur les pommettes on avait peint des roses et des myosotis. Le caput mortuum que j’ai ainsi transporté avec moi pendant des années était la tête d’une jeune fille morte en 1811 à l’âge de vingt-deux ans. J’étais assez épris de cette jeune fille de cent trois ans et j’ai eu du mal à m’en séparer. J’ai quand même fini par l’abandonner à Berlin quand je suis parti pour la Suisse ».
Passage du Journal d’Hugo Ball
cité par Greil Marcus
dans Lipstick traces, une histoire secrète du vingtième siècle.