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Dans l’Antre de la mère Mansut

La mère Mansut n’existe plus. Les bouquinistes se font rares, même à Paris. Mais longtemps, longtemps après que ceux-ci auront disparu, le souvenir de cette marchande analphabète brillera au firmament interstiCiel.

Henry Murger dans ses Scènes de la vie de Bohême (1851), Alexandre Dumas fils dans L’Ami des femmes (1864) en font mention. Elle faisait bien dans leurs paysages.

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magies-secretes.jpgAujourd’hui encore, on la croise lors d’une enquête de Georges Beauregard, un roman fantastique de Hervé Jubert.

banville par nadar.jpgMais celui qui a le mieux campé ce personnage romanesque c’est le poète Théodore de Banville dans un texte pour Paris-Guide, ouvrage encyclopédique collectif paru pour l’exposition universelle de 1869.

Son titre : Le Quartier latin et la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Il a été réédité à part en 1926.

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Entrons, page 25, « en face du collège Louis-le-Grand »

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dans « la célèbre et indescriptible boutique de la Mère Mansut » rue Saint-Jacques. « (…) une immense pièce nullement rangée ni ordonnée, sans devantures, sans fenêtres, sans armoires ni rayons, des milliers et des milliers de volumes engouffrés, entassés, jetés les uns sur les autres dans la nuit et dans la poussière. La mère Mansut achetait en connaisseur, sans se tromper d’un sou, les livres qu’on venait lui offrir, et elle les jetait sur le tas ».

Un client venait-il à lui demander quelque chose, « la mère Mansut s’élançait comme un singe sur la montagne de livres, et là, farfouillant de ses pieds, de son front, de ses mains armées de griffes, cette bizarre femme, qui ne savait ni lire ni écrire, mais dont la mémoire eût défié celle de Pic de la Mirandole, trouvait du premier coup et sans se tromper jamais, l’édition demandée ».

La suite, concernant la toilette et la cuisine de cette créature aux « cheveux blonds ébouriffés » serait sans doute délectable mais Banville se contente de nous dire que la mère Mansut faisait l’une et l’autre « dans la rue, en plein air, sur un trépied ».

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Avant de conclure en homme cultivé qu’il était : « comme la sibylle antique ».

Lien permanent Catégories : Fragments, Hommes non illustres 0 commentaire Imprimer

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