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  • Pierre Della Giustina : une exposition-jalon

    Une exposition Pierre Della Giustina ça se mérite. Tant pis si c’est le marché et la Feria du Riz.

    IMG_0879.jpgOn trouve toujours une place pour se garer dans Arles puis arpenter un dédale de rues ponctuées de clins d’œil graphiques.

    Et si « la douceur des choses » est un peu chauffée à blanc par la canicule, on parvient quand même place de la République.

     

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    A l’ogivale Chapelle Sainte-Anne (vis-à-vis Saint-Trophime) qui abrite jusqu’au samedi 8 octobre 2016 d’impressionnants Sculptures/Gravures/Bas-reliefs de cet artiste exigeant qui mène, depuis un certain temps déjà, une lutte pleine de risques et de conquêtes avec la matière, avec l’espace, avec les couleurs et la lumière.

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    Pierre ne sort pas toujours victorieux de cette confrontation avec son « work in progress ». Elle le conduit à expérimenter sans cesse, en remettant sur le métier des œuvres qu’il modifie, transmue, décompose et recompose au sein de l’atelier de son Auvergne natale.

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    Cette façon démiurgique de pétrir sa création a quelque chose d’héroïque qui finit paradoxalement à mettre celle-ci en péril. Mais n’en est-il pas de même pour tout véritable artiste ? C’est-à-dire pour tous ceux qui s’adonnent à l’art avec le souci primordial de ses enjeux. Pierre Della Giustina a choisi un chemin difficile mais qui a ses moments de gloire (un mot qu’il n’aimerait pas).

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    Cette exposition en est un. Pierre aime les défis. Les amateurs, les collectionneurs qui suivent fidèlement son parcours très personnel le savent bien. Della-comme ils disent- n’est pas du genre à rechigner devant la tâche.

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    A fortiori si celle-ci nécessite la résolution de problèmes techniques comme c’est ici le cas avec suspension de gigantesques assemblages presque abstraits.

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    Amaigri par le travail, ému et joyeux, Pierre Della Giustina a su s’inscrire dans cet ancien musée lapidaire, « un lieu impressionnant » dont il redoutait, à juste titre qu’il puisse « devenir écrasant ».

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    L’ovation qui lui fut réservée pendant le vernissage ne partait pas seulement de ses amis, des officiels et des organisateurs de l’association Originart, promoteurs de cette exposition-jalon, tout à la fois rétrospective et ouverte sur des voies nouvelles où la peinture et la sculpture cessent d’être perçues contradictoirement. Où l’une mène à l’autre et réciproquement comme le mouvement d’un métronome.

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    Cette manifestation d’admiration mêlée d’affection venait du cœur du public, nombreux ce samedi radieux. « Travailler sur le vide, créer de la légèreté et de la dynamique »… le plasticien, très conscient de son rôle, n’en finissait pas d’expliquer à tous ceux qui lui posaient des questions. Trop de questions peut-être mais on ne saurait bouder son plaisir. L’Homme qui marche, la grande statue, point d’orgue de l’absidiole, mettait son grain de sel en dialoguant avec le soleil tombé de la verrière.

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    On aimerait avoir un palais -ou du moins un haut  plafond- pour s’offrir un groupe de Della qui présente aussi des gravures.

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    La manière dont il renouvelle le thème -trop traité (ou maltraité)- de la tauromachie a sans conteste de quoi attirer et intriguer les aficions.

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    Dans les limites de cette note, il est exclu de s’attarder sur chacune des œuvres présentées à la Chapelle Sainte-Anne. Si nous avons privilégié les détails, c’est que nous ne saurions déflorer en quoi que ce soit une exposition incontournable. Les amateurs ont d’ailleurs presque un mois (attention ça passe vite !) pour la découvrir.

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  • Comment construire une cathédrale

    Les Invraisemblables. C’est dans cette nouvelle collection des éditions Plein Jour que sort le livre de Mark Greene centré sur Justo Gallego Martinez, bâtisseur solitaire (ou presque), d’une chimère de briques qu’il n’achèvera jamais. Comment construire une cathédrale. Sous cette apparence  de guide pratique au titre prometteur, l’ouvrage de l’écrivain franco-américain remonte aux débuts d’une entreprise irraisonnée et hors du temps.

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    Quand Justo, moine-paysan de la région de Madrid, décida il y a soixante ans d’édifier sur son champ ce qui allait devenir le plus grand work in progress d’Espagne après la Sagrada Familia.

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    Il n’y avait alors aucun Gaudi pour les nuls. Justo, sans plan, sans expérience d’architecte ou de maçon dut tout apprendre par lui-même et par des lectures disparates. Au fur et à mesure qu’il réalisait son œuvre. On sait cela. La toile est pleine des exploits don quichottesques de ce personnage à la poursuite obstinée de son idée.

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    Le livre de Greene nous apporte bien autre chose que ces faits curieux dont se contentent souvent ceux qui considèrent la vie et l’œuvre des autodidactes inspirés comme un palliatif  à leur imagination défaillante. Précisément parce que l’auteur n’hésite pas à parler de lui ou de son père photographe qui renonça à la photographie. Passés par le filtre de sa sensibilité et de son histoire, l’œuvre et le destin de Justo Gallego nous deviennent plus intelligibles. C’est peut être ce que les éditeurs de ce récit, désignent comme «une divagation romanesque incarnée dans ce héros de l’acte absurde (…) ».


    La portée de ce livre d’une densité multiforme malgré sa petite centaine de pages, tient surtout au parallèle qu’il esquisse entre la construction de Gallego et l’écriture de Greene. Habilement, sans fausse humilité ni outrecuidance, Greene règle son pas sur le sujet de son étude. Ne demandant pas plus à la création que ce que Gallego lui a demandé : avancer, avancer toujours.

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    Une brique, une phrase, en appelant une autre. En cette rentrée littéraire 2016 où la tendance est au  « cosmopolitisme », il est réconfortant de rencontrer un écrivain comme Mark Greene, né à Madrid et hispanisant, qui ne craint pas de dire : « Je ne voyage presque pas (…) ». Cela nous rappelle le Levi-Strauss de Tristes tropiques qui se désolidarisait des explorateurs.

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    On croise d’autres people dans le récit de Mark Greene : Samuel Beckett qui attend l’autobus, Maria de Jesus de Agreda, mystique favorite de Gallego, le Péruvien Manuel Scorza, victime d’un accident d’avion près de la Cathédrale. Siméon le Stylite aussi comme dans un film de Luis Bunuel.

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    Affleure dans le texte de Greene une structure picaresque dont les morceaux de bravoure sont le voyage avorté de Justo à Jérusalem et l’émouvant chapitre où Justo en équilibre précaire sur un échafaudage passe toute une nuit à attendre le secours d’Angel (son auxiliaire).

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    Une façon très efficace de suspendre le lecteur au fil de ce récit.

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