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Atours A Tours

Retour à Tours. Les bistrots de cette ville stimulent l’imagination de nos partenaires.

Sur ce thème, déjà évoqué dans notre note du 16 janvier 2016, nous est parvenu ce récit-souvenir de Michael Lecomte.

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Pendant deux décennies il y eut dans la ville de Tours un repère de chiens célestes qui se réunissaient dans un modeste bistrot de la rue Gambetta appelé Le Petit Tonneau.

L’endroit, dont la disposition en profondeur évoquait vaguement une cave, vivait surtout la nuit grâce à la présence des ouvriers d’un journal tout proche : La Nouvelle république. L’odeur dominante était celle du vin. D’ailleurs un tonnelet surplombait la porte qui, en été, restait toujours ouverte. Les tables en bois sombres calmaient avec peine l’exubérance des boiseries rouges et des murs jaune vif. Deux alcôves arrondies singularisaient l’arrière salle.

L’atmosphère était propice à la rigolade. Un seul consommateur était grave : le frère du patron du café voisin, établissement plus grand qui s’appelait Café de la Colonne, un épais pilier en forme de lotus soutenant effectivement son vaste plafond.  Cet homme dont le visage évoque dans mon souvenir un silex taillé ne souriait jamais et ne parlait à personne. C’est donc à la caste des linotypistes et aux ouvriers des rotatives que revenait le soin de mettre de l’ambiance. Ils étaient vêtus de bleu, certains en pantalons et vestes, d’autres en salopettes.

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Mais l’atmosphère particulière du lieu était surtout l’affaire de quelques personnages pittoresques qui le fréquentaient épisodiquement. L’une de ces figures était une petite femme brune et ronde, exagérément teinte et fardée, toujours vêtue de noir et dont on ignorait l’activité. Un soir, vers minuit, elle entre dans le bistrot, auquel on accède par trois marches. A peine arrivée, depuis l’encadrement de la porte elle lance à voix haute et avec un effet nettement théâtral : « Messieurs, bonsoir ! » Une voix bourrue, au ton fataliste, s’élève d’une des banquettes qui tournent le dos à l’entrée : « La voilà. Ça faisait longtemps ». Une autre voix ajoute : « On va pouvoir s’instruire »

Sans se troubler, l’habituée continue : « Savez-vous, messieurs, quel était le vrai nom de George Sand ? » « Non et on s’en fout. Et puis on compte sur toi pour nous l’apprendre » Sans perdre son calme la visiteuse poursuit sa pensée : « Et bien messieurs, j’ai l’honneur de vous apprendre que George Sand s’appelait en réalité Aurore Dupin ». Une réplique fuse, immédiate : « Elle avait qu’à manger des biscottes »

« Messieurs, permettez moi de vous dire que êtes des vulgaires et des incultes »

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Sur ces mots elle tourne le dos, remonte sa jupe, se penche en avant et exhibe une ample culotte rose pâle venue d’un autre âge. Le petit bistrot résonne d’un grand rire. Un client attablé suggère alors avec une admiration feinte que cette femme remarquable a sûrement espéré ce dénouement dans l’unique but d’exhiber cet atour.

Hélas la rue Gambetta est reconstruite et le Petit Tonneau n’existe plus.logo pour M lecomte.jpg

 

Lien permanent Catégories : Hommes non illustres, Kitschounet, Poignées d'humour, Souvenirs, souvenirs 0 commentaire Imprimer

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