C’est à Tony Duvert, écrivain « maudit » et trop oublié, que nous devons d’avoir pris conscience de l’intérêt porté par Jean Dubuffet à Robert Pinget, auteur quelque peu hermétique du courant littéraire baptisé Nouveau Roman.
Une citation de La Parole et la fiction, à propos du « Libera ». Elle m’échappe pour le moment, n’ayant pas sous la main cet essai de Duvert publié chez Minuit en 1984.
(Ohé, les érudits !..). C’est agaçant.
Retour à Duvert, l’ouvrage de Gilles Sebhan que Le Dilettante a publié à la fin de 2015, m’offre cependant l’occasion de me consoler. Et de mettre en évidence, chez l’auteur de L’Enfant silencieux, une sensibilité particulière à des faits artistiques incontestablement interstiCiels. Gilles Sebhan dans son livre sur la vie mystérieuse de Tony Duvert donne la parole à des témoins qui ont fréquenté celui-ci à diverses époques.
Jean-Paul Veyssière, avant de devenir libraire de livres anciens, avait créé à Tours la Buvette du Petit Faucheux (qui s’en souvient ?). Café, restaurant, théâtre, bouquinerie, c’était un lieu de rencontre « entre gens du quartier pour une bonne part immigrés ou marginaux invétérés ». Tony Duvert le fréquenta de 1976 à 1981. A son propos, Veyssière évoque un autre habitué du Petit Faucheux : « René Millet, ancien maître d’hôtel à Nice, alcoolique et clochardisé, quasi résident de ces lieux – bien qu’ayant une petite chambre rue Etienne-Marcel à deux pas, dont il avait couvert murs et plafonds, sans laisser un centimètre vacant, de femmes nues découpées dans Lui ou Playboy. Tony lui a rendu plusieurs fois visite et le comparait au Facteur Cheval ».