La Grotte Chesné on n’y tient guère à plus de quatre mais ce nombre restreint ajoute son charme à la chose. On s’y serre, on s’y frotte, on s’y sent chez nous dans ce Malakoff que le Douanier Rousseau se plut à peindre.
Dans cette pelote de fils urbains de diverses sortes qui constitue son environnement, la Grotte Chesné s’est nichée comme un lézard au cœur palpitant.
Un lézard ce n’est pas grand chose mais cela participe de deux mondes. Un monde du grand soleil de la culture, du confort et de la civilisation. Un monde de l’ombre propice au secret, à la lenteur, à la méditation.
L’un et l’autre aux Malakoffiots sont nécessaires. Comme le pain, comme le rêve. Comme toutes ces choses contradictoires qui font que les hommes, les femmes, leurs petits et même les abeilles et les fourmis sont heureux d’être gouvernés par la vie.
La Grotte Chesné, à sa façon, témoigne d’un art de l’équilibre, précaire mais harmonieux.
Elle est un trait d’union mosaïste entre un passé d’ingéniosité populaire qui vit fleurir aussi bien Raymond Isidore que Niki de Saint de Phalle et un vingt-et-unième siècle, marqué par l’essor de l’Art modeste et des graphistes de rue.
Aux décors de demain, elle transmet ceux d’un Art Nouveau transfiguré par Gaudi et relayé par des bricoleurs de banlieue chers à Robert Doisneau. Bien sûr, elles ne sont plus nulle part ces poissonneries, ces boucheries, ces boulangeries, dont les façades s’ornaient des emblèmes animaliers de leurs activités.
La Grotte Chesné n’en persiste pas moins à inscrire au sein de sa ville une nostalgie totémique qui parle aux écoliers en visite dans le jardin environnant.
Les fantaisies muralistes y sont ici les complices d’une nature en récréation. On y croise des plantes en liberté et des fleurs en pots qui n’ont pas l’air triste.
On y sème de vivaces sculptures et de gais pantins.
C'est un petit jardin « qui sent bon le bassin parisien » et les voisins de Jean-Michel Chesné lui ouvrent volontiers leurs portes.
C’est un petit jardin avec une grotte.
La Grotte Chesné.
On y tient.