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animula vagula

  • Æsculape c’est Byzance

    Un curieux dessin polygonal. C’est le titre d’un article paru en décembre 1911 dans le n° 12 d’Æsculape, une revue traitant des sciences, des lettres et des arts dans leurs rapports avec la médecine.

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    Article illustré par un portrait de « genre byzantin » qui a tout de suite rappelé quelque chose à notre camarade Ani. En août 2010 et juin 2013, sur son blogue Animula Vagula, elle avait posté de fantômatiques images visiblement de la même main. Elles étaient dues à une certaine Marie Egoroff.

    Le dessin d’Æsculape émane « d’une dame n’ayant étudié ni le dessin ni la peinture » dont les initiales sont : C.-B. d. l. T. S’agit-il d’un pseudonyme adopté tardivement pour protéger l’anonymat de l’auteur ? Voilà le mystère qui s’épaissit, ce qui n’est pas fait pour nous déplaire. Le texte dont l’artiste a accompagné son dessin nous en apprend pas mal sur ce créateur habile à naviguer entre divers courants.

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    C.-B. d. l. T. réfute l’opinion selon laquelle ses dessins auraient été obtenus par la suggestion hypnotique. Plusieurs de ses portraits ont certes été réalisés en présence de psychologues dont Théodore Flournoy, célèbre pour ses travaux avec le medium-artiste Helen Smith (1961-1929). Mais « ces messieurs se sont abstenus de toute intervention ».

    Ne subissant aucune modification de son état de conscience quand elle dessine Madame C.-B. d. l. T. (ou plus vraisemblablement Marie Egoroff) écarte toute idée d’auto-suggestion. Il suffit simplement que sa main « munie d’un crayon (…) se pose sur le papier pour qu’aussitôt » son bras « se mette en mouvement et traces des hachures, des traits d’une finesse extrême, comme burinés (…) ». Il ne faut cependant pas, selon elle, « classer cette médiumnité parmi les cas pathologiques ». La dessinatrice souligne son extraordinaire bonne santé, parle de son « caractère très modéré ». Elle n’est, dit-elle, « ni enthousiaste, ni imaginative » et son humeur « est parfaitement égale ».

    Etrange insistance qui révèle peut-être qu’entre 1894-1898 (dates des œuvres signalées par Animula) et 1911 (date de l’article d’Æsculape) Marie Egoroff a ressenti les inconvénients d’une popularité paranormale. Tout au plus admet-elle que son « don » lui semble « miraculeux ». Elle nous éclaire aussi sur les conditions d’exécution de ses portraits : « en moins d’une heure, souvent même sans regarder pendant plusieurs minutes ce que je fais, sans savoir en tous cas ce que cela va donner jusqu’à la fin ». Fin qui coïncide avec le remplissage total de la feuille.

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  • L'ii c'est de la balle!

    Les nouvelles sont bonnes ? « Ma foi, c’est toujours pareil » me disent les militants de la singularité à la papa. C’est calme quand on se croise en ligne. On se salue dans les rues du village planétaire. Voire même en live dans les couloirs du métro quand ils reviennent de la foire, le panier plein de colifichets OAF.

    Leurs bouches sont pleines de Daniel Cordier par ci, de Daniel Cordier par là, pour ce millésime 2017. Daniel Cordier qu’ils enrôlent dans une sainte trinité brute en compagnie de Jean Dubuffet et Henri Michaux !!!

    Mon manque d’enthousiasme pour pareils brouillages leur fait peine à voir. Ils ne veulent rien comprendre au domaine de l’ii. Ils me somment de leur dire si c’est de l’art ou du cocon. Répondre serait assommant. J’ai toujours préféré le tennis.

    grozdanovitch portrait 2.jpgDu moins quand c’est Denis Grozdanovitch qui arbitre. Dans son Précis de mécanique gestuelle & spirituelle, paru sous le titre De l’art de prendre la balle au bond en 2007 chez J.C. Lattès, je tombe page 271 sur son évocation des « longues exégèses à propos de la trace réelle sur la terre battue (…) ».

    Il y rappelle la règle suivant laquelle une balle qui rebondit sur les lignes délimitant le court est jugée bonne s’il n’y a « aucun interstice résiduel entre la trace et la ligne ».

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    Sans crainte de la faute, c’est au contraire à la recherche et à l’exploration de cet espace litigieux que notre blogue se consacre. Même si (ou surtout si) l’InterstiCiel, dans sa façon d’effleurer les limites des terrains trop balisés, se réduit parfois à quelques millimètres.

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  • Luigi Buffo in situ et in suo tempore

    Une douzaine de photos de Luigi Buffo prises in situ à la fin des années 80.

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    Ce bonus est dédié à ceux qui auraient besoin d’un encouragement supplémentaire pour tourner leur esprit et leur GPS vers le pôle angélique du musée de Carla-Bayle.

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    Quand ces clichés ont été réalisés, on baignait encore dans l’argentique et même dans le noir et blanc.

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    En témoigne l’album dont notre consoeur Animula agrémenta son défunt blogue en 2005.

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    Lors de son petit reportage Ani ne put tirer le portrait de Luigi Buffo.

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    Celui-ci, encore vivant mais déjà malade, ne sortait plus de sa maison.

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    On se reportera donc avec intérêt aux photos de Jean-François Maurice montrant le créateur travaillant sur le motif.

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  • Amigos et Barbudos

    Pour les amigos réfractaires à certaines de mes analyses au sujet des carottes trop cuites (voir mon post du 30 novembre 2015 Robillard Déco et ses commentaires), je me permets de conseiller la lecture de cette phrase qui prouve que je commence à ne plus être la seule de mon opinion : « Il serait dommage que l’art Brut perde son âme en cédant au quadruple écueil de l’art contemporain : la marchandisation, la personnification, la communication, et l’exhibitionnisme insatiable et obscène ».

    C’est Philippe Godin, l’auteur de cette remarque de bon sens. Elle figure en toutes lettres sur son blogue La Diagonale de l’art dans une note du 19 février 2016 intitulée La Confusion des genres.

    Dans le collimateur du blogueur philosophe, l’actuelle exposition caribéenne, « tout à fait exemplaire de certaines tentatives de récupération pour donner à l’art brut une proximité factice avec l’art contemporain » d’une galerie parisianouillorkaise.

    Galerie que je ne nommerai pas. Par souci de ne rien faire qui puisse nuire à l’économie de la patrie des barbudos après la visite officielle du camarade Raul à l’Élysée au début de ce doux mois de février 2016.

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  • Pozzetto chez Chabaud

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    A Graveson, une maison… Ça commence comme une comptine où Chabaud rime avec Pozzetto. La maison est un musée au bout d’un petit canal.

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    Auguste Chabaud (1882-1955), artiste et enfant du pays, a peint celui-ci dans le style mi fauve mi-expressionniste qui fit sa renommée bien au delà de sa micro-patrie provençale.

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    Michel Pozzetto, sculpteur révélateur de formes encloses dans les outils de la terre, parle avec le même accent, vivant non loin de Graveson. Le musée « de région » Auguste-Chabaud a eu la bonne idée de réunir ces deux créateurs dissemblables mais complémentaires.

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    Le temps d’une exposition de fêtes sur laquelle je suis tombée par hasard juste avant le décrochage le 17 janvier 2016. La qualité de mes photos improvisées s’en ressent mais ce n’est pas plus mal d’avoir été déconnectée de Noël quand il s’agit de crèche.

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    Les Bouches-du-Rhône tiennent à leurs traditions mais comme partout celles-ci sont difficiles à renouveler. J’avoue que j’en avais soupé des marchés de santons où le pareil tourne en rond avec le même. Aussi me suis-je jetée sur cette affiche où les sujets d’acier, d’argile et de chiffon de Michel Pozzetto faisaient naître dans ma tête cette réflexion : « enfin une variation nouvelle sur un thème convenu ».

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    L’auteur de ces figurines d’une savoureuse rusticité peut bien ressembler à un gentil catcheur, ses œuvres murmurent la délicate chanson du travail et de la modestie, de l’expressivité sans fards et de la condition humaine.

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    Leurs visages approximatifs et résignés, leurs échines voûtées font penser aux personnages de Bernard Javoy ou à ceux du sculpteur suédois Döderhultarn.

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    Comme eux, Pozzetto gagne à ne pas adoucir son travail. L’avenir dira s’il résiste aux sirènes d’un public porté à le cantonner dans les normes de la « singularité » artistique ou de la virtuosité artisanale.

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    Lui qui pense que « si on n’est pas classé, on est déclassé », saura-t-il protéger son authenticité ? Trouver la bonne distance avec les visiteurs de son atelier qui divulguent étourdiment ses coordonnées sur le net ? Nous verrons.

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    Je tiens pour ma part que l’analogie secrète entre la forme des outils et la fatigue des corps qu’il a su révéler dans les personnages de sa crèche (où figure l’Abbé Pierre) est un petit trésor sur lequel il faut veiller.

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    Comme sur toute prouesse autodidacte. Ce trésor ne doit rien à la vitamine du sacré dont on a cru bon d’agrémenter cette exposition. Il émane de la Montagnette représentée par Chabaud sur un tableau qui servait de toile de fond à l’ingénieuse scénographie de cette crèche.

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    Pozzetto préfère insister sur des aspects plus essentiels, c’est à dire plus matériels. La recherche et le choix rigoureux des fers de bêches, pelles, binettes etc. Le respect de leur patine. Les courbures significatives du métal.

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    La manière dont les alvéoles des manches absents appellent le galbe des futures têtes d’argile. Là où nous ne savons pas voir, Michel Pozzetto par son regard nous apprend à regarder.

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  • Robillard Déco

    Pour les amigos qui en douteraient encore,

    la preuve que les carottes sont cuites :

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    Rappel : pour suivre un lien cliquer sur les mots soulignés

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  • Avignon sur le pont

    Autre marque d’intérêt, les notions « interstiCielles » ont fait venir en tête de Michel Benoit, animateur (et photographe) du blogue  Avignon ˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉ  cette poésie qu’il a postée sur notre précédent blogue.

    Je la retranscris aujourd’hui pour le plaisir et pour ceux qui viennent d’arriver sur l’ii :

    Les espaces de l’espace sont aussi vides que pleins

    La menace des rapaces fait aimer les petits riens

    Tout est rêve qui s’achève alors que tout recommence

    Et la chaîne souveraine fait que rien n’a d’importance

     

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  • L’ermite au visage sale

    Champignons et manipulation. L’histoire est vieille comme l’information. Même dans les bois on croise de grosses barbes noires. C’est ce qui est arrivé en Toscane à deux cueilleurs-promeneurs. Ils sont tombés sur un drôle d’indien, un ermite au « visage sale » qui vivait là, selon ses dires, depuis 1997.

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    De nationalité espagnole, l’homme qui prétend être un médecin disparu depuis 1996 et déclaré mort en 2010 s’était organisé une petite vie de glanage agrémentée de visites dans les poubelles du coin. Un peu comme Chomo dans la forêt de Fontainebleau naguère. Un garde forestier et d’autres habitants aux alentours de la ville de Scarlino le croisaient de temps à autre mais Carlos (ce serait son nom) ne montrait aucun penchant à la conversation. Une telle discrétion a de quoi surprendre dans notre admirable civilisation dont les valeurs reposent sur un incessant bavardage.

    Mais ce qui est plus admirable encore c’est que Carlos, à peine « reconnu » ait décidé de s’enfuir à nouveau bien que sa famille soit accourue pour embrasser sa barbe. Parvenue à ce degré la misanthropie confine à un art dont on aimerait inventorier les traces tangibles. Carlos aurait balisé le chemin de son camp avec des bouteilles en plastiques et des vieilles boîtes. Aucune photo sur le net de celles-ci malheusement. Un visuel en revanche de son abri dans l’article posté par Francetv info le 10 novembre 2015.

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    L’ennui c’est que le cliché de cette cabane a été emprunté, au prix d’un zoomant recadrage à un article de la Repubblica (Firenze) d’août 2013 relatif à une famille d’Arezzo, dont les membres étaient sans travail.

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  • A Bolzano on en installe !!

    En d’autres temps, j’aurais salué ce geste artistique spontané. L’équipe d’entretien d’un musée qui poubellise allais-grément une installation (un tas de bouteilles de mousseux vides avec cotillons et flûtes) c’est toujours plaisant. Surtout si ça se passe en Italie, pays le plus cultivé de la terre.

    Mais avec l’expérience je suis devenue neurosceptique. Ma petite cervelle ne se laisse plus facilement envahir par les toxines de la grosse rigolade. Aussi y (ii) ai-je regardé à deux fois avant de m’autoriser un pâle sourire de hy(i)ène devant ce fait d’automne (ou divers si vous préférez) qui vient de secouer la routine de Bolzano dans le Tyrol du sud.

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    A la réflexion je me suis demandé pourquoi la bande de news passante qui monte à mon écran quand je déconnecte d’outlook avait éprouvé le besoin de me glisser celle-ci en provenance de Francetv info. D’accord ça change de la chemise du PDG d’Air France que les medias n’arrêtent pas de se déchirer mais quand même !

    La chose n’est pas si pire ! Puisqu’on nous dit que le duo d’artistes (appelons les Sara et Eleonora), ainsi vandalisés par inadvertance, va réinstaller son œuvre « dès que possible ».

    Ce n’est pas la première fois d’ailleurs que survient un tel événement. Il y 10 ans déjà, sur un blogounet de fortune où je ramais avant de rejoindre le vaisseau amiral de l’ii, j’avais rendu compte de pareille mésaventure dont un certain Damien avait été la victime consentante. La mode alors n’en était pas tout à fait lancée.

    Mais aujourd’hui que toute ingénuité est bannie du processus artistique, je me demande si ce n’est pas délibérément qu’on cherche à susciter ce genre d’acte manqué de la part du personnel en charge du nettoyage. La provocation c’est tellement commode pour organiser le buzz autour d’un petit quelque chose qui passerait sans cela inaperçu !

    Même pas drôle ! dirait ma p’tite nièce. Heureusement qu’avec la première phrase de la dépêche de Francetv info, il y a cependant de quoi se marrer. Je cite : « L’art contemporain est parfois un peu obscure (sic) ».

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