Disparus ou ... mystérieux. Autant dire interstiCiels. Avec ces points de suspension surtout. Brèche où le lézard du sens s’insinue.
Comment ne pas être interpellé par une collection littéraire qui porte un tel titre ? Même si elle date des années trente du siècle dernier. Même si elle compte peu de titres.
Marcel Seheur, son éditeur, aimait les graveurs sur bois. Jean-Paul Dubray, le directeur de la collection était graveur. Jean Lébédeff, l’illustrateur de la couverture du Hugues Rebell intime, fut un des plus actifs artistes du livre de l’entre-deux guerres.
Rebell est un personnage dont on ne sait jamais qui le connait. Mieux vaut à son propos renvoyer aux sources qui ne manquent pas. Car, quand on se risque à vouloir présenter cet écrivain d’un paganisme nietzschéen porté à l’érotisme, on ignore si on ne va pas enfoncer une porte ouverte aux yeux des happy fews férus de fin de siècle.
Marius Boisson servit de nègre à Hugues Rebell à la fin de sa vie. L’auteur de La Nichina ou des Nuits chaudes du Cap français, avait recours (selon les bonnes recettes de la littérature populaire) à ce genre de collaborateurs occasionnels. Le Rebell de Boisson n’est pas l’esthète décadent et voyageur qu’il fut dans sa jeunesse.
Cet excentrique nantais qui se vêtait d’une soutane de cardinal pour écrire des romans d’une polissonnerie teinté de perversion 1900 nous apparaît plutôt comme un martyr de l’écriture alimentaire, empêtré dans ses combines avec les éditeurs. Harcelé par les créanciers, les maîtres chanteurs et la maladie. Acharné à sauver sa bibliothèque de livres précieux du désastre final.
Mais là n’est pas notre propos. L’ouvrage de Marius Boisson reproduit (en noir hélas) 3 aquarelles d’Hugues Rebell dont une d’une pornographie confuse et tumultueuse où se décèle une influence symboliste derrière la désinvolture de l‘exécution assumée sans souci d’enrobage.
Pour la petite histoire, il faut se rappeler que Rebell faillit épouser la fille du graveur Félicien Rops. Extrait d’un manuscrit de flagellation – sujet sur lequel Rebell se pencha sous pseudonyme dans un livre de 1905 (Le Fouet à Londres) – cette image rustaude et explicite a figuré chez Christie’s dans une vente en 2014.