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  • Paulhan, allumeur allumé

    « Dîner chez Dhôtel. Il me raconte que Paulhan, venant chez lui, voyant son fils qui avait fait un échafaudage avec des allumettes, lui dit : « si maintenant on mettait le feu ?». Ce qui fut fait et causa une brûlure et un trou à la table… »

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    Jean Follain. Agendas 1926-1971.

    Note du 11 novembre 1959, page 261

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  • Bukowski a bien fait ça

    Des jours comme ça, on se soûlerait bien à en crever l’écran de l’ordi. Ça m’a fait penser à Charles Bukowski, l’écrivain américain dont la machine à écrire faisait vibrer les murs. Faut pas croire, aux States, ils ont des poètes et Hank (un des pseudos de Bukowski) en est un. Un de la pire espèce ravageuse qui a tendance à foutre sa poésie dans la vie.

    On se souvient de sa tournée en Europe en 1978. De son passage à Paris sur le plateau d’une émission de TV dont il fit voler en éclats la prétention littéraire. MDR je demeure quand je revois le grand anarchiste Cavanna, débordé sur la gauche de sa gauche par l’auteur des Contes de la folie ordinaire, finir par ordonner à ce vieil enfant terrible l’ordre de fermer sa gueule.


    Mais on ne saurait avec Bukowski en rester à la case spectacle. Aussi faut-il lire la relation des faits telle qu’il la livre dans Shakespeare n’a jamais fait ça. « Allez, bois un petit coup … Ça te fera du bien au gésier… » glisse Bukowski à « l’animateur » qui ne l’impressionne « pas des masses » malgré sa notoriété en France. « Avec dédain », Bernard Pivot lui aurait « fait signe de la boucler ».

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    Selon Mr Hank, « le psy qui avait administré les électrochocs à Artaud » (le docteur Ferdière) n’arrêtait pas de « le scruter ». And so on jusqu’à l’éviction du perturbateur qui, de son aveu goguenard même, « avait déjà pas mal éclusé ».

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    Lisez vous-mêmes. Les cossards ou les radins qui hésiteraient à se procurer ce Shakespeare du « vieux dégueulasse » doivent savoir qu’ils manqueront aussi la non-visite du centre Pompon par Bukowski, bras-dessus bras-dessous avec le cinéaste Barbet Schroeder. « Heureusement que Barbet n’a pas proposé qu’on entre, j’étouffe dans les musées, je préfère encore aller voir un mauvais film, ça m’agresse moins ».

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    Citer c’est trahir déjà mais à celles et ceux que décourage une journée de « turbin ordinaire » ou de chomdu, comment ne pas recommander la description du parvis de Beaubourg où s’affairent des « personnages intéressants » parmi lesquels « toutes sortes de cinglés malsains, endurcis, pathétiques, affamés, automutilés ». Et pour tirer la couverture interstiCielle à moi, j’ai noté : « Un type écrivait un message avec son propre sang sur le ciment ».

    La suite vaut le détour et tout le livre est à consommer sans modération comme la chronique intime et décalée d’un voyage cahotique qui fait grincer des dents et hurler de rire ce qui n’est pas négligeable en ce moment.

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  • Pastor encore

    A ces confins de l’être et des choses vers quoi l’on verse à l’approche du sommeil, du réveil, de la naissance ou de la mort, un peintre dans l’ombre s’est consacré et c’est Gilbert Pastor.

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    Pastor encore. Bien que disparu en 2015 à 83 ans. Mais disparaître est-ce que ça compte quand on travaille comme lui le silence ? Quand on s’immisce comme lui dans ce no man’s land situé entre lumière et ténèbres ?

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    On avait pris l’habitude de croiser Gilbert Pastor (sinon lui, son œuvre) à Paris où la Galerie Béatrice Soulié lui a consacré récemment plusieurs de ses expositions. Figurait toujours là L’Œuf sauvage, la revue de Claude Roffat qui n’avait pas craint –en mars 1992 déjà– de consacrer la couverture de son numéro 3 à une « apparition » sans titre du peintre d’Aups.

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    Pastor revient ou son fantôme (mais un fantôme pétri de la chair de nos rêves) à la Polysémie, galerie marseillaise, à partir du 3 novembre –jour du vernissage– au 17 décembre 2016.

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    invit lutrin.jpgGilbert Pastor qui, dès 1977, montra son travail à Lyon au Lutrin de Paul Gauzit, renoue ici avec sa Provence qu’il faut s’imaginer à rebours des clichés touristiques.

    Une Provence noire où l’on se protège des soleils tartarinesques et du mistral toujours gagnant par des ruelles, des volets clos, des escaliers étroits, des volumes confinés, des poussières.

    Une Provence ouverte à la rumeur du monde cependant puisque Gilbert Pastor entra dès 1948 dans la peinture par le truchement de Boris Bojnev, un poète russe qu’il considérait comme son père spirituel. 

    bojnev 2.jpgRévélé par Alphonse Chave dans sa galerie vençoise au début des années soixante, Bojnev reste fameux pour ses œuvres touchantes et originales, où il assemblait petites toiles naïves anonymes et encadrements insolites faits de textiles peints, d’éclats de bois et d’éléments végétaux.

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    A ces « auras », Pastor d’abord contribua. Avant d’inventer sa voie qui, pour prendre elle aussi naissance dans l’autodidactisme, n’allait pas moins le mener vers toujours plus d’intériorité.

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    On se fera une idée de son parcours intime en consultant le dossier de presse de la Galerie Polysémie.

    couv presse.jpgA plusieurs livres, Pastor donna des illustrations. Par exemple ce rare dessin original qu’il réalisa pour le tirage de luxe d’un texte de Bernard Noël (Les Plumes d’Éros) paru en 1993 chez Les Autodidactes.

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    Son absence de concession nous paraît coller à ce passage d’un article (signé M.H.) de la Gazette de l’Hôtel Drouot paru en 1995 : «Le sfumato qui les [les œuvres de Pastor] enveloppe n’est pas là pour camoufler quelque inaptitude que ce soit mais, bien au contraire, pour voiler la maîtrise technique. L’artiste reste constamment en deçà de ses moyens. Tout est ici réserve et pudeur. Dans ses toiles aux couleurs délibérement étouffées, tout comme dans ses grands dessins mystérieux qu’irise parfois un soupçon de couleur, Pastor reste en retrait, rejetant toute exhibition de son talent. Chacune de ses œuvres est un appel muet».

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