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  • Quatre roses pour un album

    Rose Mercie à priori avait tout pour passer loin de nos oreilles. Nos activités blogueuses nous entraînant davantage vers les régions plastiques et littéraires que vers les territoires indépendants de l’indie rock, nous avions toutes les raisons d’ignorer ce groupe de 4 musiciennes polyvalentes, pas encore trentenaires ou à peine.

    C’eut été dommage, pour utiliser le beau langage. Reconnaissance à celui-ci ! Il nous a mis sur la piste de ce quatuor qui fait circuler les voix, les guitares, les batteries et les synthétiseurs sur des voies de création peu empruntées. Les mouches ne s’attrapant pas avec du vinaigre, c’est à la lecture d’un papier de Laurent Thore trouvé dans les méandres du Net que nous devons la découverte du premier album des Rose Mercie.

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    Nous ignorons si Laurent Thore est écrivain. On sait qu’il est Auvergnat. On le présente comme un chroniqueur - voire un rédacteur - pour des sites musicaux spécialisés. Mais comment ne pas reconnaître un bon article critique quand on en rencontre un ? Celui que Thore vient de donner à indiemusic a la chaleur communicative de l’enthousiasme alliée à la lucidité analytique de l’observateur. Peut-être parce que DJ lui-même, sous le pseudonyme de Deejay Doublelow, Thore est pour ainsi dire du bâtiment.

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    Son érudition s’appuie sur le concret des choses. Et cela suffit à piquer notre curiosité. A ouvrir notre ouïe anesthésiée par la nécessité de supporter la soupe intrusive dans laquelle nous baignons du fait des ritournelles publicitaires, des sonneries de téléphone, des hits du moment.

    Les cinéphiles qui, l’année dernière, ont vu Avant la fin de l’été, le film de Maryam Goormaghtigh, se souviennent que dans ce road movie relatant les pérégrinations de trois étudiants iraniens en France, les personnages croisent le chemin de deux rockeuses en tournée. Charlotte et Michèle, deux des Rose Mercie engagées pour jouer leur propre rôle.

    Des autres membres du groupe, qui ont pour prénoms Inès et Louann, émanent, comme de leurs partenaires, une spontanéité sans artifices sur les photos. Cette authenticité fragile, elles savent la préserver dans leurs morceaux.

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    Elle contraste avec un néo-conformisme carriériste qui se pare des plumes du Do It Yourself pour paraître décalé à peu de frais. En tous domaines, les esprits formatés s’entendent au détriment de ceux qu’ils croient réduire à la case autodidactes. Laurent Thore est plus respectueux

    .

    Dans son travail de DJ, il s’est approché du chant des sirènes. Il nous invite à ne pas résister à celui des Rose Mercie. Laissons nous donc envelopper dans leurs mélopées souterraines, dans leurs mélodies bouclées où la tonalité tenue, le retour hypnotique du même, la ligne subtilement accidentée accompagne le cœur et la pensée.

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  • Être & Vivre en mai

    Retour de mai, la parole aux murs. Rien de tel que René Char pour les poètes casqués. Ainsi ce fragment des Feuillets d’Hypnos (1946) parachuté sur la fête du travail en pleine action : « agir en primitif et prévoir en stratège ».

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    Maxime résistante d’un recueil dédié à Albert Camus.

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    René Char (à G) et Albert Camus (à D) en 1949 à l'Isle-sur-la-Sorgue

    Ce qui nous ramène à un autre Homme révolté. Alfred Jarry pour ne pas le nommer. Cinquante ans avant l’existentialisme moderne, celui-ci, dans une surprenante divagation parue dans L’Art Littéraire en 1894, écrit : « L’Anarchie Est ; mais l’idée déchoit qui se résout en acte (…) ».

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    Être & Vivre, le titre de cette acrobatie philosophique qui part d’une apologie de l’Être pour se mettre à célébrer le Vivre, son antipode, peut paraître limpide.

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    Elle n’en mérite pas moins, dans l’édition en volume de ce petit écrit « profondément superficiel et superficiellement profond » donnée par le Collège de Pataphysique en 1958, préface et notes d’Emmanuel Peillet son fondateur, sous double pseudonymes d’Irénée Louis Sandomir et de Jean-Hugues Sainmont.

    Ceux qui, comme nous, ne comprendraient pas grand chose à ses éclaircissements sur le texte interstiCiel de Jarry pourront toujours se distraire à la lecture des extraits du journal La Lanterne qui lui sont ajoutés. Y sont relatés les exploits de Lesteven, condamné à mort pour son goût trop vif à jeter les femmes par la fenêtre. Saut mortel que cet assassin, ne détestant pas la littérature, finit par s’infliger à lui-même pour couper à la guillotine.

    Et comme c’est bientôt le temps des cerises, n’omettons pas celle qui orne en outre ce gâteau parcimonieusement offert (à 99 privilégiés seulement) par le Collège, sous la forme de 4 photographies de graffiti muraux « puérils et honnêtes ».

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    Ce qui nous ramène à nos moutons noirs transhumant sur les pavés glissants des rues parisiennes. En attendant la plage.

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