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  • Un petit bonhomme de Charonne

    Grotte alors ! Ça se complique. Avec les rats le choléra n’est jamais loin. Celui de 1832 remonte à la surface à l’occasion de notre précédent post. L’un de nos lecteurs, enragé rongeur d’archives nous signale un texte de l’historien Lucien Lambeau paru en 1921 dans son Histoire des communes annexées à Paris en 1859. Dans un passage sur le village de Charonne, Lambeau mange le morceau.

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    A propos d’une « guinguette curieuse datant de la première moitié du dix-neuvième siècle », il note qu’Émile de Labédollière, dans Le Nouveau Paris (1859) « raconte que, pendant l’épidémie de choléra », le patron de cette guinguette « avait organisé, au profit des orphelins de la terrible maladie, une sorte de grotte, sur les parois de laquelle étaient appliqués des débris de verrerie de couleur et de porcelaine, lesquels, vus à travers une lentille grossissante donnaient l’illusion d’une grotte enchantée ». Bingo ! c’est notre grotte nous sommes nous dit.

    Pas plus de Rat-goutteux que de beurre en branche cependant dans le rapport de Lucien Lambeau. Celui-ci fait état d’une autre enseigne : Au Petit bonhomme qui … La description qu’il en fait : « un enfant accroupi (…) » dans un décor représentant « le cabaret avec les arbres qui l’ombrageaient » autorise à penser que l’on ne craignait pas les blagues scatologiques sous la monarchie de juillet.

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    S’agit-il par conséquent d’une grotte différente de celle décrite par Ernest d’Hervilly? Il faudrait admettre que ce genre d’attraction était monnaie courante dans les cabarets de la ceinture de Paris où le vin n’était pas cher. C’est peu probable étant donné l’originalité de cette création qui a frappé les contemporains.

    Simplement remonte-t-on de 23 ans dans le temps avec le témoignage de Labédollière, ce qui explique sans doute le changement du nom de l’établissement. « Il ne reste rien du Petit bonhomme qui… » note Lucien Lambeau mais sa description a le mérite de localiser l’endroit où la maison était située : « à l’angle de la rue du Surmelin et de la rue Pelleport » dans l’actuel 20e arrondissement de Paris. A la pointe nord du quadrilatère formé par l’hôpital Tenon (anciennement de Ménilmontant) dont la construction (1870-1878) a modifié les lieux.

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    Pour les nostalgiques de la grotte du Rat-goutteux (ou du Petit bonhomme), ce petit bonus d’Ernest d’Hervilly pour la route : « Je me rappelle des ponts supendus sur des abîmes où grondait une eau écumeuse, des antres mystérieux où s’ébauchaient des formes vagues, des forêts accrochées au flanc à pic de montagnes se perdant dans les nues ; tous les plus étonnants aspects d’un monde après un déluge, et couverts des débris de choses humaines, étaient réunis dans cette grotte dont les divisions fantasmagoriques vues à travers les lentilles, prenaient des proportions insensées ».

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  • Les goûts du rat

    Le rat prolifère à Paris.

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    Entre lui et nous : une vieille affaire de consommation. Dans les périodes grasses, ils nous débarrasse de nos déchets alimentaires. En période maigre, comme pendant le siège de 1870, le Parisien est bien content d’y goûter.

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    Le rat d’égout en raison de sa proximité linguistique avec le ragoût des familles et avec la goutte (un rhumatisme) se prête au jeu de mot.

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    Subsiste encore à Nantes l’enseigne d’un commerce représentant un rat appuyé sur des béquilles.

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    A Brest c’est une taverne qui arborait cette image.

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    Ernest d’Hervilly dans Les Parisiens bizarres, paru en 1885, entretient le souvenir d’un restaurant, « alors solitaire au milieu des vignes » du village de Ménilmontant. Il s’appelait aussi Le Rat-goutteux. « On y allait en foule, il y a trente ans, des faubourgs de Paris déjeuner (…) » écrit l’auteur.

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    Ce qui nous ramène à peu près au milieu du XIXe siècle. En ce temps là « après déjeuner, on allait voir le Rocher (…) great attraction populaire (…) ».

    C’est ici que notre rubrique ratophile et gastronomique s’élève à l’InterstiCiel. Laissons à d’Hervilly la parole pour la description de cette grotte « stupéfiante pour le regard et pour la pensée » dont nous ignorons s’il en existe des gravures ou des reproductions.

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