Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Æsculape c’est Byzance

    Un curieux dessin polygonal. C’est le titre d’un article paru en décembre 1911 dans le n° 12 d’Æsculape, une revue traitant des sciences, des lettres et des arts dans leurs rapports avec la médecine.

    aesculape.jpg

    Article illustré par un portrait de « genre byzantin » qui a tout de suite rappelé quelque chose à notre camarade Ani. En août 2010 et juin 2013, sur son blogue Animula Vagula, elle avait posté de fantômatiques images visiblement de la même main. Elles étaient dues à une certaine Marie Egoroff.

    Le dessin d’Æsculape émane « d’une dame n’ayant étudié ni le dessin ni la peinture » dont les initiales sont : C.-B. d. l. T. S’agit-il d’un pseudonyme adopté tardivement pour protéger l’anonymat de l’auteur ? Voilà le mystère qui s’épaissit, ce qui n’est pas fait pour nous déplaire. Le texte dont l’artiste a accompagné son dessin nous en apprend pas mal sur ce créateur habile à naviguer entre divers courants.

    IMG_20180331_0001.jpg

    C.-B. d. l. T. réfute l’opinion selon laquelle ses dessins auraient été obtenus par la suggestion hypnotique. Plusieurs de ses portraits ont certes été réalisés en présence de psychologues dont Théodore Flournoy, célèbre pour ses travaux avec le medium-artiste Helen Smith (1961-1929). Mais « ces messieurs se sont abstenus de toute intervention ».

    Ne subissant aucune modification de son état de conscience quand elle dessine Madame C.-B. d. l. T. (ou plus vraisemblablement Marie Egoroff) écarte toute idée d’auto-suggestion. Il suffit simplement que sa main « munie d’un crayon (…) se pose sur le papier pour qu’aussitôt » son bras « se mette en mouvement et traces des hachures, des traits d’une finesse extrême, comme burinés (…) ». Il ne faut cependant pas, selon elle, « classer cette médiumnité parmi les cas pathologiques ». La dessinatrice souligne son extraordinaire bonne santé, parle de son « caractère très modéré ». Elle n’est, dit-elle, « ni enthousiaste, ni imaginative » et son humeur « est parfaitement égale ».

    Etrange insistance qui révèle peut-être qu’entre 1894-1898 (dates des œuvres signalées par Animula) et 1911 (date de l’article d’Æsculape) Marie Egoroff a ressenti les inconvénients d’une popularité paranormale. Tout au plus admet-elle que son « don » lui semble « miraculeux ». Elle nous éclaire aussi sur les conditions d’exécution de ses portraits : « en moins d’une heure, souvent même sans regarder pendant plusieurs minutes ce que je fais, sans savoir en tous cas ce que cela va donner jusqu’à la fin ». Fin qui coïncide avec le remplissage total de la feuille.

    Lien permanent Catégories : Fragments, Hommes non illustres, Les mots pour le dire, Matières plastiques 0 commentaire Imprimer
  • Allô Brigitte

    Il arrive que l’actualité rapproche des faits qui en eux-mêmes n’ont rien à voir mais dont la juxtaposition stimule toutefois les zygomatiques. Ces temps derniers, nous avons noté deux attitudes qui témoignent à leur manière d’un état d’esprit plutôt interstiCiel.

    Mentions spéciales de l’ii donc à Julien Coupat qui a pris son goûter pendant une audience du procès où il comparaît et au lycéen anonyme qui a crié « Brigitte, épouse-moi ! » lors de la visite de la Première Dadame au lycée Carnot de Dijon.

    recette-e22673-barre-de-cereales-maison-au-chocolat.jpg

    C’est un plaisir de saluer l’introduction de la barre chocolatée dans les tuyaux du processus judiciaire.

    moutarde poulbot-dijon.jpg

    C’est une satisfaction de goûter à l’ironie piquante d’un jeune représentant de notre future élite dans une cérémonie médiatique de la capitale moutardière.

    yerba mate.jpg

    Dommage que Michèle (Alliot-Marie) n’ait pas été là pour voir le prévenu de « l’affaire de Tarnac » exercer ses droits à siroter pépère son maté.

    Brigitte était à Dijon par contre pour revendiquer les siens à dispenser des leçons de morale à une jeunesse trop facilement harcelante. Mais elle n’a rien entendu.

    Lien permanent Catégories : Poignées d'humour 0 commentaire Imprimer
  • Vieux chameaux

    Le désert appelle le chameau comme la saucisse la moutarde. Qu’est-ce qu’un chameau ? Pas seulement une personne vache. « Un chameau c’est un cheval dessiné par une commission d’experts » dit Francis Blanche. Un chameau ou un dromadaire : on n’est pas à une bosse près! Des camélidés en tous cas.

    chameau 2.jpg

    On vient d’en découvrir un petit troupeau pas loin de Sakaka sur trois éperons rocheux (trois bosses en somme) dans une zone quasiment inexplorée de la province d’Al-jawf. 

    6046843.jpg

    Du genre monumental les chameaux, sculptés en haut et bas-reliefs. On soupçonne les Nabatéens, un peuple ancien de l’est du Jourdain d’avoir fait le coup.

    fig_5_cnrs.jpg

    Il fallait pourtant être un peu à l’ouest pour aller faire du land art dans ce coin sans flotte de l’Arabie saoudite à l’interstice de l’antiquité et du premier millénaire de notre ère.

     

    Lien permanent Catégories : Fragments, Matières plastiques 0 commentaire Imprimer
  • Les mosaïques exaltées de Louis Terrasse

    Encore Vialatte et Bonaparte toujours. Ou comment l’Égypte ramène à l’Auvergne. Le Dilettante, en 2002, a publié Au coin du désert, un recueil de textes du grand Alexandre écrits à l’ombre des Pyramides en 1938. Lecture idéale en ces temps où l’on passe sans transition de la froidure neigeuse à la douceur printanière.

    couv.jpg

    « En passant dans la rue Jacob » écrit Vialatte, « il m’a semblé sentir soudain souffler le vent d’Aboukir. J’avais vu, derrière une vitre, Bonaparte qui me regardait de ses yeux qui nous suivent encore ».

    Et notre chroniqueur d’énumérer les lieux où l’image du conquérant corse se retrouve. « En culotte blanche dans les petits cafés d’Alexandrie, sur des calendriers-réclames », « au musée de l’Orangerie dans le pêle-mêle glauque et mordoré des antiquailles et des estampes ». L’auteur évoque les Mayençais qui « fleurissent la tombe de ses grognards ».

    Et puis il nous livre soudain un de ses morceaux de curiosité dont il a le secret : « le garde champêtre de Viverols, dans le Puy-de-Dôme, l’immortalise en mosaïques exaltées faites d’ivoire, d’écaille d’huître et de boutons de culotte ! ». On aimerait voir ça.

    napoleon alpes 2.jpg

    Petrus Batselier, dans un article paru en 1997 dans le Dossier Vialatte de L’Âge d’homme (AV le temps d’un pique nique avec Père Ubu et trois satrapes) nous en apprend davantage. Le garde champêtre s’appelait Terrasse. Il exerça divers métiers dont celui de menuisier et de restaurateur.

    labor improbus.jpg

    A 11 ans, « Le début de sa carrière artistique consista en une reproduction en ruche de pin, inspirée par l’image du cahier d’école de marque Labor improbus.

    napoleon ratisbonne 3.jpg

    Il réalisa ensuite ses rêves –Passage des Alpes, Napoléon devant Ratisbonne, la Bataille des Pyramides etc.– en écaille d’huître et en boule de billard ».

    coupure 2.jpg

    maquette 3.jpg

    cathedrale-de-moulins-louis-terrasse.png

    Créateur d’un Musée des Merveilles dans sa salle à manger, Terrasse est aussi l’auteur d’un objet poétique par l’adaptation d’un guidon de bicyclette à une faux.

    Et c’est ainsi…

    Lien permanent Catégories : Hommes non illustres, Matières plastiques 0 commentaire Imprimer