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  • Amigos et Barbudos

    Pour les amigos réfractaires à certaines de mes analyses au sujet des carottes trop cuites (voir mon post du 30 novembre 2015 Robillard Déco et ses commentaires), je me permets de conseiller la lecture de cette phrase qui prouve que je commence à ne plus être la seule de mon opinion : « Il serait dommage que l’art Brut perde son âme en cédant au quadruple écueil de l’art contemporain : la marchandisation, la personnification, la communication, et l’exhibitionnisme insatiable et obscène ».

    C’est Philippe Godin, l’auteur de cette remarque de bon sens. Elle figure en toutes lettres sur son blogue La Diagonale de l’art dans une note du 19 février 2016 intitulée La Confusion des genres.

    Dans le collimateur du blogueur philosophe, l’actuelle exposition caribéenne, « tout à fait exemplaire de certaines tentatives de récupération pour donner à l’art brut une proximité factice avec l’art contemporain » d’une galerie parisianouillorkaise.

    Galerie que je ne nommerai pas. Par souci de ne rien faire qui puisse nuire à l’économie de la patrie des barbudos après la visite officielle du camarade Raul à l’Élysée au début de ce doux mois de février 2016.

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  • Donald et les Nazis

    En prolongement de la note précédente et au moment où les rééditions critiques d’un maudit bouquin (récemment tombé dans le domaine public) tournent au best seller, voici : Der Fuehrer’s Face, un dessin animé de 1943.

    Ce qui prouve qu’on peut se battre avec Disney et pas toujours contre.

    « Intellectuel, non ? » aurait dit Pierre Desproges.

    Et même interstiCiel en quelque sorte.

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  • Résister en alexandrins

    Résister en alexandrins. Ça paraît aujourd’hui dérisoire. C’est pourtant la gageure que soutint une Poitevine durant la nuit de l’Occupation. Claire Pope dont on ne sait rien, si ce n’est qu’elle fut enseignante, publie à la fin de 1945, à compte d’auteur, un curieux livre. L’Orgueil ou le rêve de Hitler se présente comme un « poème dramatique en 5 actes et 12 tableaux ».

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    Au milieu des milliers de témoignages qui, la paix revenue, voient le jour, une tragédie sur Hitler fait figure d’exception par la nature même de sa forme littéraire. L’action se passe à Berchtengaden, le nid d’aigle de la vipère nazie que les Alliés viennent de détruire. Les personnages ? Hitler et Lucifer, Goebbels, Goering, Himmler, Mussolini, une secrétaire, un docteur, un huissier audiencier. Tous ces mannequins s’expriment avec des accents cornéliens ou raciniens tant Claire Pope semble imbibée de dramaturgie classique. 86 pages héroïco-naïves, des milliers de vers scandant l’irrépressible chute d’un projet diabolique au milieu des crimes et des atrocités :

    « Immobile et glacé, saisi, tremblant de peur

     Je crois devenir fou d’épouvante et d’horreur »

    L’auteur dans son avant-propos célèbre la mémoire de Louis Toussaint, professeur au Collège Moderne de Poitiers, déporté et assassiné en Allemagne. Déjà en 1941, Claire Pope avait composé des chansons stigmatisant les occupants qu’elle faisait lire à son entourage (ce qui n’était guère prudent). La disparition de Toussaint, cet ami résistant, précipite sa  fureur poétique.

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    Dès la fin de 1942 elle entreprend d’écrire son poème dramatique. Ne disposant pour se documenter que de la propagande de l’ennemi, elle est amené à se servir de matériaux oniriques : rêves sous forme de récits, hallucinations visuelles et auditives d’un dictateur plein d’orgueil plus cruel que le démon dont il est le pantin.

    L’inconscient certainement montre ici le bout de son nez. Claire Pope à l’irrationnel semble accorder par ailleurs quelque crédit quand elle écrit, à propos du sinistre Adolf qu’il est « tout naturel que le doute ait plané et plane encore sur le mystère de sa disparition ou de sa mort ».

    Les caractères Art-déco de la typographie utilisée sur la couverture contrastent bizarrement avec le contenu de cet ouvrage. Une petite vignette représentant Gutenberg figure au dos.

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    C’est celle de l’imprimeur : A. Chopin à Lezay dans les Deux-Sèvres. Pour la petite (et pour la grande) histoire, il faut souligner que cet artisan fournissait pendant la guerre de faux-papiers à la Résistance dont Claire Pope incarne un interstiCiel visage.

     

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