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  • Les lettres E.Texanes

    To : Us-bek (ThxC-734)

    From : Rica (Rswp-256)

    Subject : une transmission dans la langue indigène

     

    Cher U,

    Je ne t’ai pas écrit aussitôt car j’ai rencontré quelques difficultés d’adaptation dans ce pays de {cocagne} où les adultes sont des enfants comme les autres. Seule leur dimension diffère ce qui permet heureusement de les distinguer.

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    En apparence, cette population n’est pas très évoluée. Elle a l’aspect d’une fourmilière mais avec une dynamique de dispersion sans aucune logique.

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    Débarquée dans cette petite ville (Texas) en pleine nuit, j’ai été aussitôt aveuglée par le scintillement des astres. Un {gruyère} de nuit morcelé d’étoiles trop rapprochées, comme si j’étais sous cloche. Avec la réverbération, j’ai eu l’impression d’avoir rétréci à la taille d’une figurine‑jouet. Étrange ciel dans lequel règne en permanence un vaisseau en forme de coquillage d’une couleur que je ne connaissais pas.

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    Après consultation du nuancier, il s’agit d’un rose pulp. Tu devrais voir ça, c’est étonnant ! Tous ici l’appellent soucoupe volante. Moi, cela m’évoque plutôt un de leurs organes génitaux cachés. Tu penses bien que cet aspect des choses leur passe au-dessus de la tête.

    Jusqu’ici, je n’avais pu me mêler vraiment à ces groupuscules que l’on qualifie de familles. Tu seras amusé d’apprendre comment j’y suis parvenue.

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    Un matin j’ai trouvé sur le bord de la route deux jambes d’homme dépassant d’un véhicule à l’arrêt dont s’échappait de la fumée. Intriguée, je me suis approchée. Au début, je n’ai pas eu l’impression d’être utile car l’homme s’est montré contrarié que j’ai pu réparer sa voiture à la vitesse {de l’éclair}.

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    Ce n’était pas très prudent, mais je n’ai pu résister : un jeu d’enfant comme ils disent ici quand c’est facile. Visiblement, l’homme était très déçu. J’ai cru comprendre qu’il espérait profiter de cette panne pour récupérer des pièces détachées de première importance. Il était très agité et parlait sans arrêt mais il m’a quand même ramenée dans sa famille en disant que j’avais des pouvoirs surnaturels.

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    Et là, surprise ! Dans le jardin, une autre de ces soucoupes volantes. Ces gens prétendent que c’est pour préparer leur futur, sauver leur avenir. Ils se sentent protégés car il n’est pas donné à tout le monde de capturer un engin pareil, de le maintenir au sol et le {domestiquer}.

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    Ils m’ont raconté qu’une fois, ils ont eu un vaisseau-mère mais qu’il s’est échappé ce qui expliquerait pourquoi cette soucoupe est l’objet de toute leur attention. Moi, elle ne m’inspire pas confiance. Parfois, on la tracte en ville avec le {pick-up} pour montrer qu’on en possède une. C’est l’attraction du jour, les enfants courent derrière avec enthousiasme.

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  • Peter Pan poix plumes

    img089.jpgAu rayon artistes anonymes, une histoire racontée par le poète fantaisiste Jacques Dyssord dans un article sur le « children corner », La Souveraineté de l’enfance paru dans le numéro 9 de Ce Temps ci (Cahiers d’arts contemporains), revue sur l’art décoratif.

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    « Vous savez que Peter Pan a sa statue dans Kensington Gardens. Une nuit, un fou, pense-t-on, couvrit cette statue de poix et cette poix de plumes ».

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    Aujourd’hui ce genre de performance paraîtrait banal mais on est dans les années trente et Dyssord poursuit : « Au matin, quand on s’aperçut de cette profanation, l’indignation de la foule fut telle qu’un véritable service d’ordre dût être organisé ».

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  • Coup de sifflet à Bruges

    sifflet dératisateur.jpgA vous couper le sifflet ! La preuve que la presse papier ménage toujours des surprises. Le Figaro et vous parcouru d’un œil distrait le mardi 8 mars 2016 dans une salle d’attente. Et soudain cet objet, populaire en haut, macabre au milieu et sauvage en pied qui vous saute à la figure. Un sifflet dératisateur. Image sorcière en plein milieu de l’article d’Éric Biétry-Rivierre, envoyé spécial à Bruges.

    Pour attirer l’attention du public français sur Les Sorcières de Bruegel, l’exposition de l’Hôpital Saint-Jean à Bruges (jusqu’au 26 juin 2016). « On raconte ici » nous dit E.B-R. « comment simplement à partir de de deux gravures du brabançon Pieter Bruegel, dit l’Ancien (né vers 1525 et mort en 1569), le stéréotype de la sorcière s’est trouvé définitivement fixé ».

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    L’iconographie disponible sur le net de cette expo « au charme noir » fait surtout la part belle aux estampes anciennes et aux tableaux de(s) David Teniers.

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    Aussi faut-il applaudir Le Figaro pour son focus sur plusieurs objets de sorcellerie populaire ou destinés à la répression de celle-ci. Un talisman dans la dent d’un mort qu’on épinglait dans les langes des nourrissons.

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    Un trône d’infamie sculpté de crapauds, serpents et rats.

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    On y installait de force les malheureuses accusées de relations avec le diable avant de les balader sur une charrette remplie d’ordures sous les invectives de la foule.

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    Plus classique : un cœur modelé dans la cire et piqué d’épingles.

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  • Crocheteuse de choc à 104 ans

    Mrs Brett a la grâce. La grâce du crochet. La grâce des aiguilles. Une vie durant à tricoter c’est long. Surtout quand on a 104 ans comme Grace Brett. A 104 ans pourquoi s’arrêter ?

    Même si les bébés n’ont plus besoin de layette, même si leurs mamans ne mettent plus de châles, il reste les cabines téléphoniques pour leur faire des cagoules.

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    Les armoires sont pleines de napperons, les lits croulent sous les courtepointes, qu’à cela ne tienne ! Les bancs ont froid l’hiver. Pourquoi ne pas leur faire enfiler des paletots ?

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    Les cheminées ont bien leur dessus, les vieilles dames leurs dessous (roses). Et comme on est en Ecosse c’est toutes couleurs pétantes ! Grace semble n’en finir jamais de nouer et de renouer avec une tradition éprise de tartans, infiniment variants. De ses Scottish Borders, cette région située au sud du pays, entre Edinburgh et l’Angleterre, Grace Brett invente au fil du doigt les mâts totémiques.

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    Bien sûr notre époque, enragée à tout réduire à des poncifs, l’enrégimente dans la catégorie fourre-tout du street art. Et c’est vrai qu’elle participe ingénument au phénomène du Yarn Bombing qui se généralise. Mais est-ce sa faute si toute idée créative ne tarde pas à faire l’objet d’une exploitation industrielle aujourd’hui?

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    Que voulez-vous, elle aime que ses travaux soient vus par l’homme du commun sur le chemin de l’ouvrage. C’est ce qui compte. Et puis elle trouve que la ville est plus belle comme ça. Elle n’a pas tort.

    D’une petite voix flutée, Grace commente son work in progress. Si la nature la laissait faire, elle tricoterait le monde entier pour le monde entier. Heureusement, elle est ancienne. On peut donc espérer qu’elle ne connaîtra pas la dégénérescence à laquelle ce type de pratique artistique collective est invariablement condamnée.

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    Encore un effort Grace par conséquent! Un bonnet de clocher peut-être ? Un cache-nez pour la lune ?

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  • Objets de hasard

    Sur les pierres de rêve, pourquoi ne pas rêver ? Attirés par le titre : Objets de hasard, nous nous sommes jetés dans l’arsenal délicieusement hétéroclite d’une vente aux enchères qui aura lieu le mercredi 16 mars 2016 à l’Hôtel Drouot. « Catalogue disponible » disait le site De Baecque, commissaire-priseur de l’événement. Pourquoi se gêner ? Nous voilà donc feuilletant d’un œil steeple-chase et d’un pouce à pilotage automatique les 60 pages d’une brochure à format humain qui regorge d’objets photographiés et légendés. Une demi-douzaine d’experts associent pour l’occasion leurs manches retroussées. Le territoire de la vente se situant aux croisements de l’archéologie, de la marine, des arts africains, océaniens, précolombiens, islamiques et populaires. Des masques, des statuettes, des bijoux, des outils, des maquettes…

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    Tout le contraire d’une autoroute. Rien que des chemins de traverse, des ramifications où l’on saute d’un sentier à un buisson. Une provocation à l’intersticiel ! La machine désirante s’est arrêtée pour nous sur le numéro 93. Un monolithe, sculpté à la serpe, du Nigeria que l’on dirait tombée de la lune. Au basalte volcanique qui a servi ici de matière première on doit évidemment beaucoup. C’est le genre de pierre qui ne permet pas les petits chichis perfectionnistes.

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    Aussi n’attire-t-il que les créateurs en possession d’un style évocateur et rustique dont l’expressivité figurative louche vers des contenus suggérés ou abstraits qui nous échappent. C’est le cas des fameux Barbus Müller ou des rudes œuvres de l’italo-auvergnat Joseph Barbiero. C’est aussi celui de cette pièce sortie de l’eau de la Cross River. S’il est permis de rapprocher des sculptures brutes, modernes et européennes avec des productions africaines et votives, datant peut-être du XVIe siècle.

    Certes, en cherchant un peu, nous ne pouvons ignorer que la pierre de la vente De Baecque, comme ses petites camarades qui sont proposées parfois par des galeries d’art premiers, peut être attribuée aux Ejagham (ou Ekoï) de la région frontière entre le sud-est du Nigéria et le sud-ouest du Cameroun. Ces pierres Akwanshi (« personne sous terre ») servant de marques de sépultures, la tradition se perpétue de les enduire de blanc ou de pigments lors de festivités. Ce qui leur vaut, paraît-il, d’être associées à la sorcellerie par les monothéismes actuels.

    La traçabilité affichée de notre numéro 93 ajoute son grain de mystère à la chose. Ce monolithe a appartenu à Francis Mazière (1924-1994), explorateur et conférencier adulé du public des années soixante.

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    Ses hypothèses, aussi aventureuses que ses expéditions, développées dans Fantastique île de Pâques son best seller, valurent à cet ethnologue trop médiatique ayant pris ses distances avec les anthropologues du Musée de l’Homme, l’opposition de la science officielle. La présence du monolithe 93 dans la Collection de Mazière nous incline cependant à y respirer ce parfum d’énigme qu’il y soupçonnait sans doute.

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  • Pipilotti vous fait une fleur

     

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    Pipilotti va trop fort ? C’est ce que nous nous sommes demandé quand Ever is over all, magie à double détente de la vidéaste suisse Elisabeth Charlotte Rist, est tombée entre nos mains au hasard de nos maraudages dans la jungle du Net.

    Fallait-il l’expulser tout de suite pour crime d’art-contemporanéité congénitale ? Ou tenter de l’acclimater à notre territoire intersticiel ? Au sein du comité de rédaction de l’ii, le débat fut rude.

    Mais dans cette mise en scène d’une violente douceur il subsistait, presque 20 ans après sa création, quelque chose de trop décalé pour que nous ne courions pas le rist d’une adoption.Les Arts 2 cm.jpg

     

    Ever is over all (1997)

    Tirer la nappe sous le couvert. Foncer dans une vitrine de magasin avec un bolide lancé à pleine vitesse. Casser des bouteilles sur le mur du voisin. Etre cet éléphant sans vergogne dans une boutique de porcelaine, c’est mon rêve. Qu’il ne reste rien en un seul morceau, cela m’est proche.

    Cette femme inoffensive, regardez-là, avec sa robe de satin bleu vierge-Marie et ses chaussures rouges qui l’ont ensorcelée, il y a du Emily Watson dans son allure. Elle déambule dans la rue avec grâce, voltigeant presque. Elle brandit un drôle de sceptre avec lequel elle casse allègrement les pare-brise des véhicules stationnés.

    La bande son est aussi douce que son murmure intérieur car plus elle casse, plus elle jubile, et plus elle se sent bien. Elle agit comme une créature illuminée sous l’œil hagard de passants pas inquiets pour autant. Une femme flic lui fait même un petit signe de connivence comme si elle lui disait « chapeau ma belle ! ».

    La vidéo est projetée sur un mur à angle droit, l’action de face et, à l’équerre, une végétation luxuriante filmée en gros plan : traditionnels brins d’herbes ballotés par le vent, coquelicots agitant mollement leurs pétales de crépon. Tout est fluide et atemporel mais nous sommes captés par la séquence d’action et cette fleur de métal qui se prend pour une matraque. Agir comme une petite frappe en escarpins et robe d’azur, sans être aucunement arrêtée dans sa course, c’est un plaisir illicite de première force.

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    Lien permanent Catégories : Ecrans, Flonflons, Matières plastiques 0 commentaire Imprimer