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  • Jean Bordes retrouve Galey

    A Galey dans l’Ariège, le temps de Bordes est venu. C’était samedi la Fête de la pomme et jusqu’au 4 novembre 2018 le village célèbre un de ses plus créatifs enfants.

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    Jean Bordes (1916-1985), sa vie durant, à côté d’occupations nécessaires (foins, vaches, fagots), s’adonna à la recherche d’objets brisés et abandonnés à la décharge dont il faisait, par ligatures, d’étonnants assemblages, tenant du jouet et de la sculpture moderne. Œuvres dépourvues de toute autre utilité qu’artistique. Sécrétions pure d’une intelligence des mains autant que du cœur.

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    Elles sont aujourd’hui à l’abri à La Fabuloserie de Dicy dans l’Yonne. C’est à Jano Pesset d’Orgibet, un village voisin de Galey qu’on le doit. A la disparition de Jean Bordes, il fit mentir l’adage selon lequel nul n’est prophète en son pays. Promises au néant par necessité de remise en ordre, les pièces de Jean Bordes, témoignant de son génie du recyclage, trouvèrent leur destination.

    jean bordes portrait.jpgL’ancienne mairie de Galey avec cette exposition de photographies, de textes et de documents porte l’éclairage sur ce personnage captivant, d’une élégance « mal fagotée » mais qui œuvrait comme un oiseau fait son nid.

    Peu de littérature jusqu’à présent lui a été consacrée. Mis à part l’article de Pesset dans le numéro 11 de la revue L’œuf sauvage en 2012 auquel j’emprunte le portrait de monsieur Bordes,

     

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    on peut signaler celui de Jean-Louis Lanoux (Jean Bordes ou l’art de fagoter) paru dans le numéro 2 de la revue Création Franche en 1991.

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    L’exposition de Galey promet des témoignages de ses habitants. Une collecte qui s’imposait.

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  • Dubuffet à Paterson

    Que ce soit pour les cupcakes, pour Marvin le bouledogue (Palme Dog 2016 à Cannes)

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    ou pour William Carlos Williams, on peut voir et revoir Paterson, le film de Jim Jarmusch.

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    Toutes les occasions sont bonnes de se plonger dans son ambiance si décalée des frénésies formalistes hollywoodiennes.

    Lundi 29 octobre 2018 il passe sur Ciné Émotion à 13h30 et encore le dimanche 4 novembre à 18h05 et mardi 6 novembre à 22h40 sur la même chaîne.

    Même si les chiens, les petits gâteaux et le New Jersey vous laissent froids, même si la vie d’un chauffeur de bus n’est pas à priori votre tasse de thé, consommez sans modération Paterson jusqu’à son étonnante séquence finale où le héros, déprimé par la perte de son carnet intime boulotté par son bouledogue, reprend goût à la vie face aux chutes de la rivière Passaic.

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    Ceci grâce à la rencontre d’un inconnu, un voyageur japonais (l’acteur Masatoshi Nagase) qui fait un pèlerinage littéraire dans le coin.

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    Celui-ci, qui est écrivain, détecte la passion d’écrire chez son interlocuteur américain. Cherchant à vaincre ses réticences et à lui prouver combien sa profession banale peut être source d’inspiration, il lui objecte cette certitude enrobée dans une question : « Did you know interesting french artist Jean Dubuffet was meteorologist on top of Eiffel Tower Paris in 1922 ? Very poetic ».

    D’autant plus poétique que c’est Frank O’Hara, fameux poète de l’École de New York, qui lui aurait appris ce détail dit le Japonais. Pourquoi pas ? O’Hara savait sûrement que c’est lors de son affectation aux services météo pendant son service militaire que Dubuffet s’intéressa aux « observations » de Clementine Ripoche, visionnaire dans les nuages.

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  • Si peu

    De Si peu, poème en prose de Jean Grosjean, paru en 2001 :

    « Nos libertés sont les ruissellements de l’instinct ou de la mode. Nos pensées sont des éponges imbibées de culture et de propagande. Chacun n’est soi et friable que par instants, à l’insu du train de ce monde. »

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    Et puis, dans la même section intitulée Le Silence, ceci qui n’est pas mal non plus :

    « Et il y a les guerres comme si elles voulaient dire quelque chose, et les dieux des peuples comme autant d’imbécillités statufiées, encensées, tedeumisées (*). Plutôt rester sauvage. »

    (*) de Te Deum (hymne en latin)

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  • La Constitution pour les nuls

    Pas besoin de jouir d’une bonne constitution ou d’entrer gaillardement dans la légion des sexagénaires pour tirer des feux d’artifice en l’honneur de Gustave Arthur Dassonville. Que l’on soit minot ou daron, ce typographe, adepte du Brûlot (un fanzine qu’il rédigea tout seul sa vie durant) mérite notre respect. Chacun ses cérémonies de célébration après tout ! Et les moins officielles ne sont pas les pires.

    Dans une époque où la com du petit prince qui nous gouverne nous gave de louanges sur la sacro-sainte règle du jeu de la république, héritée de notre (grand) père fondateur, il est sain, il est juste, il est bon de se tourner vers un pamphlet publié en 1965 et en catimini par Dassonville. D’autant que la lecture de celui-ci ne risque pas de nous prendre la tête.

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    Selon Eric Dussert, ce rare et fragile document constitue le chef d’œuvre de G.A.D. Il n’en consiste pas moins en 4 pages numérotées dont 3 sont blanches (c’est à dire rouges car l’impression est sur papier de boucherie) et la première seulement porteuse du titre, à vrai dire assez évocateur.

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    On notera que Gustave Arthur s’abstient d’y nommer sa cible : ce général en résidence secondaire dans un village aux deux églises. Suprème désinvolture de cette « diatribe silencieuse » (dixit Dussert) ! Invective d’autant plus efficace qu’elle reste minimale !

    dassonville portrait.jpgDes années durant, Dassonville promena sa rondeur pince-sans-rire et ses cigares malodorants dans les librairies parisiennes dont il fut une figure fétiche, rassemblant des données sur l’imprimeur-éditeur François Bernouard. On le voit mal aujourd’hui sur un plateau de télévision. Il n’empêche que son Hommage à la Ve est un doigt d’honneur autrement plus long que cette rustaude Lettre à Manu récemment commise par l’une de nos grosses têtes philosophiques.

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  • Collectionietzsche

    1er janvier 1890.

    « Collectionne un peu tout ce qu’il trouve, entre autres des choses sans aucune valeur, telles que bouts de papier, chiffons, etc.. S’incline toujours avec une extrême politesse devant les médecins »

    Note médicale concernant Friedrich Nietzsche dans le Journal des malades d’Iéna.

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    Cité par Erich Friedrich Podach (1894-1967) dans son ouvrage Nietzsches Zusammenbruch (1930), traduit en français sous le titre : L’Effondrement de Nietzsche.

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