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L'Internationale interstiCielle - Page 11

  • Hommes des tourbières

    Sacrifices à caractère religieux, exécutions de criminels ou d’individus déviants ? les scientifiques aujourd’hui ont du mal à se prononcer sur le sort de ces pauvres bougres zigouillés, sans doute à la fin du second âge du fer et enfouis dans les tourbières de l’Europe du nord, au Danemark en particulier.

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    Un livre de Peter Wilhem Glob (1911-1985) paru en 1965 (traduit en français l’année suivante) les a fait connaître.

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    Cet archéologue danois, co-fonda avec le peintre Asger JornL’Institut scandinave du Vandalisme comparé qui étudia les graffiti, cette forme de création pure.

    Les spéculations de Glob sur les rites sacrificiels de l’antiquité nordique et les sacrifices à la terre-Mère sont aujourd’hui sujettes à interrogations.

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    Avec ses recherches et ses travaux, Glob fut cependant à l’origine de la circulation de ces troublantes images macabres qui révélèrent au monde de l’après-guerre les étranges propriétés de conservation chimique des corps par les tourbières acides.

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    Ce n’est pas mince mérite d’avoir ainsi mis en évidence combien la vacherie humaine peut être sublimée par les forces brutes de la nature.

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  • Robillard Déco

    Pour les amigos qui en douteraient encore,

    la preuve que les carottes sont cuites :

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    Rappel : pour suivre un lien cliquer sur les mots soulignés

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  • Le chaos ethnique porte de Vanves avec DakhaBrakha (DonnerPrendre)

    DakhaBrakha donnait hier un concert. Sophie Roussel, notre envoyée spéciale, était dans la salle. Elle nous communique son ressenti tout vif, tel que tombé de son iphone à la fin de la soirée.

     

    J'ai été bouleversée, vidée, nettoyée et remplie par un concert exceptionnel. Je dirai même, un des meilleurs de ma vie... (Pourtant, j'en ai vu croyez-moi !). Le lieu déjà m'était inconnu et s'est révélé, tout pétaouchnok qu'il créchait, une véritable bonne surprise (le théâtre Montfort, Porte de Vanves). Parfaite jauge et acoustique sans couac, ingé son irréprochables.

    Le groupe c'était DakhaBrakha

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    « Nous sommes DakhaBrakha d'Ukraine libre... »

    C'est la seule parole ou presque qu'ils prononceront et qui sert à les présenter ! Des musiciens hors pair, des virtuoses sans afféterie, qui vont collecter dans des villages de campagne reculés des chansons en passe de disparaître du folklore... Ensuite, ils les réarrangent avec beaucoup de modernité tout en conservant 90 % d'instruments traditionnels. Parfois, ca sonne rock, rap, soul, tout en restant complètement ukrainien (hélas on ne comprend pas les paroles).

    Il faut voir ces trois femmes de blanc vêtues avec de lourds colliers agrémentant leur corsage, des beautés aux voix extraordinaires -le plus loin possible bassines de R'n'B- Beaucoup de choses avec leur voix, des petits sons, des onomatopées (pas le trip chœur de femmes ukrainiennes qui m'aurait rasée). Un fond unique de modestie, beaucoup de sérieux et une pointe de malice. Richesse inouïe de percusssions et beaucoup de petits intruments insolites et bricolés.

    Ces gens savent tout faire et ils font ce qu'ils veulent de leurs instruments et de leur tessiture. A la première seconde, ils sont au sommet de leur art et ils y restent ! Regardez comment ça joue du violoncelle comme une basse, c'est ma préférée des trois filles, la plus plus mutine. Même les robes de mariées, ne font pas costumes de scène. Eté comme hiver, elles portent ces robes (qui sont plutôt inspiration Europe de l'est d'ailleurs) et ces coiffes traditionnelles de leur pays pour mieux nous amener la modernité de leur musique...

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    C'est la candeur que l'on retient. Une véritable orgie de musique sauvage. On ne sent pas le travail, ni la composition. Une harmonie générale et l’accord parfait qui fait dire à juste titre que la performance live fait tout. Pour moi ils sont aux marges mêmes car classés dans la World music....On s'en tape. Ce n'est pas une bonne chose à dire ! Mais c'est le contraste entre un truc très identitaire et une musique universelle. Il y avait hier un public de tous âges qui a fini debout en dansant.

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  • Avignon sur le pont

    Autre marque d’intérêt, les notions « interstiCielles » ont fait venir en tête de Michel Benoit, animateur (et photographe) du blogue  Avignon ˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉ  cette poésie qu’il a postée sur notre précédent blogue.

    Je la retranscris aujourd’hui pour le plaisir et pour ceux qui viennent d’arriver sur l’ii :

    Les espaces de l’espace sont aussi vides que pleins

    La menace des rapaces fait aimer les petits riens

    Tout est rêve qui s’achève alors que tout recommence

    Et la chaîne souveraine fait que rien n’a d’importance

     

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  • Carolina Matriochka

    Interstices sur interstices. Quoi de plus interstitiel qu’une poupée russe ?

    Caroline Sury qui expose en ce moment à Paris nous en fait parvenir plusieurs.

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    L’ii ne lui déplaît pas.

    Elle « s’y glisserait à l’occasion ».

    C’est chose faite.

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  • L’ermite au visage sale

    Champignons et manipulation. L’histoire est vieille comme l’information. Même dans les bois on croise de grosses barbes noires. C’est ce qui est arrivé en Toscane à deux cueilleurs-promeneurs. Ils sont tombés sur un drôle d’indien, un ermite au « visage sale » qui vivait là, selon ses dires, depuis 1997.

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    De nationalité espagnole, l’homme qui prétend être un médecin disparu depuis 1996 et déclaré mort en 2010 s’était organisé une petite vie de glanage agrémentée de visites dans les poubelles du coin. Un peu comme Chomo dans la forêt de Fontainebleau naguère. Un garde forestier et d’autres habitants aux alentours de la ville de Scarlino le croisaient de temps à autre mais Carlos (ce serait son nom) ne montrait aucun penchant à la conversation. Une telle discrétion a de quoi surprendre dans notre admirable civilisation dont les valeurs reposent sur un incessant bavardage.

    Mais ce qui est plus admirable encore c’est que Carlos, à peine « reconnu » ait décidé de s’enfuir à nouveau bien que sa famille soit accourue pour embrasser sa barbe. Parvenue à ce degré la misanthropie confine à un art dont on aimerait inventorier les traces tangibles. Carlos aurait balisé le chemin de son camp avec des bouteilles en plastiques et des vieilles boîtes. Aucune photo sur le net de celles-ci malheusement. Un visuel en revanche de son abri dans l’article posté par Francetv info le 10 novembre 2015.

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    L’ennui c’est que le cliché de cette cabane a été emprunté, au prix d’un zoomant recadrage à un article de la Repubblica (Firenze) d’août 2013 relatif à une famille d’Arezzo, dont les membres étaient sans travail.

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  • Stèle à une hamadryade

    Aux antipodes du street art ordinaire, tapageur et clinquant, hystérique et racoleur, voici la souche Roquette, de la rue du même nom.

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    Timide, solitaire, à peine esquissée. Un exemple d’intersticiel à fleur de terre. Éphémère et presque inaperçu. A l’angle de la rue Saint Maur. Un art de la retouche, du sous-entendu, du murmure.

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    Quelqu’un est passé là, après les bûcherons. Il a gravé cette stèle à une hamadryade de promenade parisienne, morte avec son arbre abattu.

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    Émouvante et désolée. Bouche ouverte sur un dernier cri inaudible.

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    La souche Roquette et son cortège de feuilles d’automne.

    rue de la roquette,sculpteur des rues,art anonyme,art éphémère

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  • Bernard Javoy : l’art et la manière

    « Dans les champs, il faut travailler avec art, il faut faire avec goût, sinon l’asperge ça la contrarie ».

    Ainsi parlait Bernard Javoy quand on lui rendait visite, chez lui, dans sa maisonnette rurale de Cléry-Saint-André, petite ville du Loiret nichée dans les paroles du Carillon de Vendôme, cette vieille chanson française.

    Il nous offrait une salade. Il avait à cœur de se faire comprendre. Quelle meilleur argument que ce produit de son jardin ? Nous venions pour son art. Il le savait. Non pour son talent de paysan mais pour cet art de sculpteur rustique et tendre auquel il s’adonnait avec une tranquille passion depuis qu’en 1987, à l’âge de 62 ans, il avait mis un bémol à ses activités agricoles.

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    Nous attirait là ce peuple de figurines campagnardes, mêlées à leurs animaux familiers, à qui Bernard Javoy donnait naissance, sans avoir été « guidé par personne », dans le calme de son atelier installé dans une ancienne buanderie.

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    Un garde-chasse, le curé, des vieux sur leur banc, un trimardeur, des hommes en gros drap bleu, des femmes du même bois, les têtes enveloppées de foulards ou de coiffes en cloche.

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    Des couples. Des couples, raides et austères dans leurs habits noirs. A peine éclairés de cols blancs. Immobiles comme s’il posaient devant un photographe ambulant.

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    Des visages taillés à la serpe, silencieux mais expressifs. « Le genre d’autrefois » disait madame Javoy que les travaux de la terre avaient courbée jusqu’à la faire ressembler à l’un des personnages sortis des mains de son mari. Un autrefois où « les gens étaient versés sur le bétail ».

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    Les ânes au regard triste comme un poème de Francis Jammes. Les chevaux aux flancs lourds dont Bernard Javoy n’avait pas besoin de fignoler la forme pour qu’on en ressente l’efficacité symbolique.

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    « Le tracteur on l’a eu mais il tasse, c’est négatif avec les asperges » tandis que le cheval « il lève les jambes » et on le dirige à la parole, commentait-il pour justifier sa préférence pour « la manière traditionnelle ».

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    « J’ai pas abandonné tout ça, je suis resté dans le même monde, dans les mêmes idées » ajoutait Javoy pour expliquer son lien avec la nature prolongé par son travail artistique.

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    Une modestie innée, une prudence héréditaire vis à vis de son entourage le portait, quand il s’exprimait, à privilégier les aspects techniques. Sur la question des matériaux, il était volontiers bavard, n’épargnant à ses visiteurs aucun détail sur les mérites comparés du platane (« ça fend pas »), du peuplier (« c’est léger ») ou du tilleul (« on fait pas ce qu’on veut avec »).

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    Mais on sentait à la curiosité qui était la sienne quand il nous voyait choisir, dans le stock de pièces abritées dans un apppentis-show room, celle qu’il nous laisserait emporter en souvenir, combien Bernard Javoy était sensible à l’estime de son public occasionnel.

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    Son plaisir constituait alors, dans le confort surchauffé de sa cuisine aux dimensions de boîte d’allumettes, à finaliser l’opération en couronnant notre visite de joviales broderies verbales sur son originale façon d’être au monde.

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    Sur Le petit monde en bois de Bernard Javoy, l’ii recommande à ses lecteurs l’article de Nicole Verdun (Entrée des artistes) paru dans le n° 89 du Journal de la Sologne et de ses environs en juillet 1995.

     

    bernard javoy,sculpteur rustique,cléry-saint-andré

     

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  • Gabriel Pomerand en action

    gabriel pomerand,isidore isou,jacques spacagna,maurice lemaître,orson welles,librairie fischbacherUn sourire en passant pour un trio de poètes. Le joufflu Isidore Isou, l’angélique Jacques Spacagna et le scolaire Maurice Lemaître. On s’amuse bien en ce temps là (1955) à la librairie Fischbacher, rue de Seine. Le lettrisme bien propre sur lui fait son show pour Orson Welles qui réalise alors un documentaire sur Saint-Germain-des-Prés.

    gabriel pomerand,isidore isou,jacques spacagna,maurice lemaître,orson welles,librairie fischbacherNe pas rater la fin qui emprunte quelques images à Ça va barder, le film de John Berry sorti la même année. 10 secondes de pur bonheur intersticiel. Aussi juvénile mais nettement plus sauvage! Gabriel Pomerand en pleine action : bave et éternité.

    gabriel pomerand,isidore isou,jacques spacagna,maurice lemaître,orson welles,librairie fischbacher

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  • La Grotte Chesné à Malakoff

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    La Grotte Chesné on n’y tient guère à plus de quatre mais ce nombre restreint ajoute son charme à la chose. On s’y serre, on s’y frotte, on s’y sent chez nous dans ce Malakoff que le Douanier Rousseau se plut à peindre.

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    Dans cette pelote de fils urbains de diverses sortes qui constitue son environnement, la Grotte Chesné s’est nichée comme un lézard au cœur palpitant.

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    Un lézard ce n’est pas grand chose mais cela participe de deux mondes. Un monde du grand soleil de la culture, du confort et de la civilisation. Un monde de l’ombre propice au secret, à la lenteur, à la méditation.

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    L’un et l’autre aux Malakoffiots sont nécessaires. Comme le pain, comme le rêve. Comme toutes ces choses contradictoires qui font que les hommes, les femmes, leurs petits et même les abeilles et les fourmis sont heureux d’être gouvernés par la vie.

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    La Grotte Chesné, à sa façon, témoigne d’un art de l’équilibre, précaire mais harmonieux.

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    Elle est un trait d’union mosaïste entre un passé d’ingéniosité populaire qui vit fleurir aussi bien Raymond Isidore que Niki de Saint de Phalle et un vingt-et-unième siècle, marqué par l’essor de l’Art modeste et des graphistes de rue.

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    Aux décors de demain, elle transmet ceux d’un Art Nouveau transfiguré par Gaudi et relayé par des bricoleurs de banlieue chers à Robert Doisneau. Bien sûr, elles ne sont plus nulle part ces poissonneries, ces boucheries, ces boulangeries, dont les façades s’ornaient des emblèmes animaliers de leurs activités.

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    La Grotte Chesné n’en persiste pas moins à inscrire au sein de sa ville une nostalgie totémique qui parle aux écoliers en visite dans le jardin environnant.

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    Les fantaisies muralistes y sont ici les complices d’une nature en récréation. On y croise des plantes en liberté et des fleurs en pots qui n’ont pas l’air triste.

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    On y sème de vivaces sculptures et de gais pantins. 

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    C'est un petit jardin « qui sent bon le bassin parisien » et les voisins de Jean-Michel Chesné lui ouvrent volontiers leurs portes.

     

    C’est un petit jardin avec une grotte.

    La Grotte Chesné.

    On y tient.

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  • Signé : Hansel

    Nous n’irons plus au bois.

    Nous n’aurons plus à retourner sur nos pas. Nous évoluons en pleine lumière. La boue du chemin nous est douce car nos malheurs furent grands. Il faut avancer comme des charrues sans maître. Nous tournons le dos au ciel menaçant et à l’image du père qui s’est laissé convaincre par deux fois de nous semer. Nous ne sommes jamais sortis de l’ornière.

    La sorcière qui nous a tenus sous son joug sévit désormais dans les nues. Elle croit malin de poursuivre une licorne bélier mais cette chimère n’est autre que notre premier lever de soleil depuis longtemps. En captivité, il n’y avait plus ni jour, ni nuit. Juste d’écœurantes sucreries à toute heure. Nous avons perdu la joie enfantine des goûters. Des tortures au sucre bouillant : petit boulé, grand boulé. Qu’est-ce qu’on en a bavé !

    Une nuit, la sorcière m’a coupé l’oreille. Elle aimait trop les pieds de cochon et le cartilage jeune, elle voulait nous charcuter et me voyait déjà mort et engraissé. Tu lui es rentré dans le lard et, dans son ignoble four, tu l’as logée.

    Merci sœurette, ne lâche pas ma main pour autant. Je rêve de tombées de poireaux comme des prairies, de buissons d’épinards, de bosquets choux-fleurs et brocolis. Nous nous mettons au vert, les poches pleines du butin dérobé. Nous deviendrons des rois riches aux dents gâtées. Bientôt, nous porterons des couronnes.

    Nous n’irons plus au bois.

    Signé : Hansel

    (Gretel ne sait pas encore écrire, alors je signe pour elle).

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  • Zeppelin aux as

    zeppelin.jpgAu menu aujourd’hui, un programme d’une revue de 1917 au titre calembourgeois et vaguement patriotique : Zeppelin aux as. Non par amour de l’aéronautique ou pour la gloire d’un esprit parisien qui a vécu.

    Mais pour l’illustration du peintre et affichiste Lucien Métivet (1863-1932) qui orne la couverture. Métivet c’est un ami de Toulouse-Lautrec.

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    On peut s’attendre à tout de ce genre d’artiste forgé au rire de la Belle Époque montmartroise. Comment cependant ne pas être surpris par cette image « schizophrène »? Avec cette composition clivée qui juxtapose l’élégance démodée d’un dessin très 1900 et le trait anguleux, hâtif et nerveux d’un graffito à la craie blanche, Lucien Métivet semble nous dire quelque chose.

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    Lui, le dessinateur virtuose des journaux satiriques du début du XXe siècle, il pourrait très bien s’il le voulait s’abandonner à une voie plus stylisée, plus directe, plus spontanée. Il y a peut-être là un refoulé Dada qui se fait jour. Son poilu qui charge une espèce d’Ubu au casque à pointe est d’ailleurs contemporain des Eugènes de Jean Cocteau.

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    En cherchant un peu on s’aperçoit que Métivet est coutumier de ce genre de clin d’œil. Un charmant ouvrage pour les enfants où l’auteur se plaît à opposer les deux personnages de Jean-Qui-Lit et Snobinet réunit les deux facettes de sa personnalité artistique.

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    Lucien Métivet y donne libre cours à son goût de l’interprétation libre qui s’accommode du support scolaire fourni par le tableau noir et les cartes de géographie. 

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     lucien métivet,henri de toulouse-lautrec,jean cocteau

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  • Grand chaubardement à Montauban

    C’est sous le triple signe du beau que Mr You Tube nous invite chez le sifflotant « Monsieur Babar », un attendrissant bricoleur qui passe en douceur du petit meuble en palette de récupération aux tableaux de feuilles et aux assemblages de « personnages » qu’il ne lui vient pas à l’idée de bombarder du gros mot d’art.

    Le b(e)au contenu dans Montauban, la ville où il fait de sa retraite un enchantement.

    Le b(e)au niché dans son nom véritable : Jacques Chaubard.

    Le b(e)au que l’on retrouve dans le patronyme de l’auteur de la vidéo, Raphaël Baux.

    S’il arrive à tout le monde de s’intéresser à ces lambeaux d’écorce que les platanes abandonnent aux pieds des promeneurs, rares sont ceux qui, comme monsieur Chaubard, en remplissent des valises. Le beau -un beau tout proche et ingénu- Jacques Chaubard en est le serviteur rieur. « J’y vais les yeux fermés » dit-il en entrant dans son atelier de poche. Cet ancien travailleur du bois y fait discrètement un sort glorieux à de petites cuillers d’étain qui lui servent de matière première. Suivons le, les yeux ouverts.

    jacques chaubard

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  • A Bolzano on en installe !!

    En d’autres temps, j’aurais salué ce geste artistique spontané. L’équipe d’entretien d’un musée qui poubellise allais-grément une installation (un tas de bouteilles de mousseux vides avec cotillons et flûtes) c’est toujours plaisant. Surtout si ça se passe en Italie, pays le plus cultivé de la terre.

    Mais avec l’expérience je suis devenue neurosceptique. Ma petite cervelle ne se laisse plus facilement envahir par les toxines de la grosse rigolade. Aussi y (ii) ai-je regardé à deux fois avant de m’autoriser un pâle sourire de hy(i)ène devant ce fait d’automne (ou divers si vous préférez) qui vient de secouer la routine de Bolzano dans le Tyrol du sud.

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    A la réflexion je me suis demandé pourquoi la bande de news passante qui monte à mon écran quand je déconnecte d’outlook avait éprouvé le besoin de me glisser celle-ci en provenance de Francetv info. D’accord ça change de la chemise du PDG d’Air France que les medias n’arrêtent pas de se déchirer mais quand même !

    La chose n’est pas si pire ! Puisqu’on nous dit que le duo d’artistes (appelons les Sara et Eleonora), ainsi vandalisés par inadvertance, va réinstaller son œuvre « dès que possible ».

    Ce n’est pas la première fois d’ailleurs que survient un tel événement. Il y 10 ans déjà, sur un blogounet de fortune où je ramais avant de rejoindre le vaisseau amiral de l’ii, j’avais rendu compte de pareille mésaventure dont un certain Damien avait été la victime consentante. La mode alors n’en était pas tout à fait lancée.

    Mais aujourd’hui que toute ingénuité est bannie du processus artistique, je me demande si ce n’est pas délibérément qu’on cherche à susciter ce genre d’acte manqué de la part du personnel en charge du nettoyage. La provocation c’est tellement commode pour organiser le buzz autour d’un petit quelque chose qui passerait sans cela inaperçu !

    Même pas drôle ! dirait ma p’tite nièce. Heureusement qu’avec la première phrase de la dépêche de Francetv info, il y a cependant de quoi se marrer. Je cite : « L’art contemporain est parfois un peu obscure (sic) ».

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  • La 13e lettre du facteur

    Il arrive que les lettres mettent longtemps à nous parvenir. Surtout quand elles ne nous sont qu’indirectement destinées. Il aura fallu 64 ans pour que celle-ci tombe dans les pattes de l’ii. La lettre d’un facteur en plus ! Ce n’est pas banal.

    jules mougin,sainte-anne,exposition internationale d'art psychopathologiqueMais qui se soucie aujourd’hui de ce minuscule cahier (n°68) de la Collection PS (comme post scriptum), édité par Pierre Seghers en 1951, où ce texte de Jules Mougin fut publié ? Jules Mougin c’est ce poète-postier qui correspondait avec le peintre-cordonnier Gaston Chaissac. 

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    Dans Paris, le…, le cahier imprimé dont il est question ici, Jules Mougin se dédouble et feint de recopier les lettres d’un de ses frères facteurs.

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    Ledit facteur (rural) est en stage à Paris dont il a « plus que marre ». C’est à son épouse restée chez « les bouzeus » qu’il écrit. 14 lettres dont nous avions parcouru 12 d’un œil distrait avant de tomber sur la pénultième qui ne saurait rester lettre morte puisqu’elle évoque la mémorable Exposition internationale d’art psychopathologique qui s’est tenue à Paris à la fin de l’année 1950 pendant le Premier congrès mondial de psychiatrie. Si le sang de l’ii n’a fait qu’un tour à la lecture de cette 13e lettre c’est qu’elle restitue à chaud les impressions d’un homme du commun (ou presque) sur cet événement qui eut pour cadre Sainte Anne, « chez les fous ». Sans nous épargner les détails concrets.

    Sur le prix d’entrée : « Il fallait payer 200 francs (…) c’est plus cher qu’un bifetèque ».

    Sur les exposants : « J’ai dit chez les fous, mais on les voyait pas. C’était leurs peintures ».

    Sur la sélection : « T’avais deux grandes salles de tableaux, en bas t’avais l’Amérique, en haut t’avais la France et puis aussi tous les fous de la terre, la finlande, la sarre, les italiens, la yougoslavie, les anglais et les espagnols.

    Sur les cartels : « Chez les Américains c’était écrit en anglais j’y comprenais qu’ouic tandis qu’en France et en Yougoslavie on expliquait en FRANÇAIS heureusement ».

    Sur le public : « des gens très chic, des artistes avec des barbes qui restaient des heures devant un tableau (…) trois ou quatre agents de police à cause des voleurs ».

    Sur le retentissement : « tout le monde en parle même au bureau ».

    Joseph, le facteur de Mougin, a ses petites préférences : « En France, c’est un maréchal ferrant qui dessine le mieux. (…) t’aurais dit des vieilles images de dans le temps. (…) un autre fou a dessiné SON ÂME tu la vois voler avec une robe blanche ».

    Ses petites phobies aussi : « J’ai vu sur un dessin un monstre qui riait comme un serpent, AVEC UN TROU QUI TE REGARDE, AU COIN DES LÈVRES. (…) Et dire qu’on peut devenir maboule nous aussi ».

    Malgré tous les efforts de l’équipe intersticielle, nous n’avons rien trouvé d’équivalent dans l’iconographie du livre de Robert Volmat (L’Art psychopathologique) relatif à l’exposition de Sainte-Anne.

    Mais comment ne pas délirer sur ce « truc inimaginable » qui a si fort frappé Joseph le facteur : « une lettre qui mesure, tiens-toi bien, 120 mètres de long, un vrai paquebot. Le fou se plaignait au Procureur de la République du traitement des docteurs. Il en avait gros sur la patate celui-là ».

    jules mougin,sainte-anne,exposition internationale d'art psychopathologique

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